ANNEAU D'OR
L'Anneau d'or (Zolotoe kol'co) est le nom donné, par convention, à un itinéraire touristique qui relie entre elles plusieurs villes anciennes situées à proximité de Moscou , essentiellement au nord-est de la capitale russe. Cette expression a été élaborée, à la fin des années 1960, par la Société nationale pour la sauvegarde des monuments historiques, créée en 1966 sur l'ordre du Conseil des ministres de la république fédérative de Russie. Il s'agissait alors de sauver ce qui restait encore, après plusieurs vagues de destructions, des monuments architecturaux de la Russie ancienne (xe-xviie s.) autour de Moscou, de le restaurer et d'en faire une sorte de zone de conservation exemplaire. D'importants moyens matériels et humains ont été mobilisés à cet effet. Les meilleurs historiens et restaurateurs russes ont participé aux travaux de sauvegarde de ces monuments qui risquaient de tomber en ruine. Le souci de leur sauvegarde n'était pourtant pas l'unique raison de ce projet gouvernemental.
Créé de façon artificielle à destination des touristes occidentaux, l'Anneau d'or devait servir de parcours autorisé à travers la « Russie profonde », offrant d'elle une image lisse. Les enjeux politiques, économiques et culturels de cette entreprise étaient si fortement imbriqués que le résultat en a été ambigu. D'une part, nombre de monuments d'une très grande valeur historique et esthétique ont été sauvés de la destruction. D'autre part, les besoins de la propagande ont souvent poussé les responsables des travaux vers des solutions faciles, en particulier vers des restaurations kitsch, proches du style néo-russe du xixe siècle. Les noyaux historiques des villes anciennes faisant partie de l'Anneau d'or ont par ailleurs été équipés de nombreux services touristiques (hôtels, restaurants de cuisine russe traditionnelle, bains russes, troïkas, etc.), souvent conçus dans le même esprit. Pour un voyageur attentif, il n'est pourtant jamais difficile de distinguer le faux du vrai.
La liste des villes qui composent l'Anneau d'or n'est pas fixe. Parmi les plus belles et les plus riches en monuments d'art et d'histoire, il faut nommer Vladimir, Souzdal, Pereïaslavl-Zalesski, Serguiev Possad, Rostov-la-Grande, Iaroslavl et Kostroma.
Vladimir
Vladimir, dont les monuments les plus prestigieux, après ceux de Kiev et de Novgorod datent du xiie siècle, est située à 190 kilomètres au nord-est de Moscou, sur les bords de la Kliazma. La ville est connue depuis 1108. Les premières églises y furent érigées par les princes kiéviens Vladimir Vsevolodovitch Monomaque (1053-1125) et Iouri Dolgorouki (années 1090-1157). Mais c'est seulement sous le règne du fils de ce dernier, le prince André Bogolioubski (1111 env.-1174), que la ville, devenue la capitale d'une principauté en 1157, fut dotée d'un ensemble monumental. Au centre de ce kremlin (detinec), enfermé dans une enceinte, se trouvaient alors la cathédrale de la Dormition et le palais de l'archevêque. Une seconde enceinte entourait la ville, dotée de plusieurs portes monumentales, dont seule la porte Dorée, avec son église de la Déposition-de-la-Robe-de-la-Vierge (1164, monument reconstruit en 1469, puis au xviiie s.) a été conservée jusqu'à nos jours. Détail intéressant, l'arc de la porte avait la même largeur que la nef centrale de la cathédrale. Mais, pour construire sa résidence, le prince André Bogolioubski choisit un lieu situé à l'extérieur de la ville : Bogolioubovo, à 10 kilomètres à l'est de Vladimir, où il érigea son palais pourvu d'une chapelle (1158-1165). À un kilomètre de là, il fit bâtir en plein champ la très célèbre église de l'Intercession-de-la-Vierge-sur-Nerl (1165). À la fin du xiie siècle, sous le règne de Vsevolod[...]
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Écrit par
- Olga MEDVEDKOVA : chargée de recherche au centre André-Chastel, université de Paris-IV-Sorbonne, docteur en histoire et civilisation de l'École des hautes études en sciences sociales, habilitée à diriger les recherches
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Médias