ANNEAU D'OR
Souzdal
À 28 kilomètres au nord-est de Vladimir se trouve la ville de Souzdal. Mentionnée pour la première fois dans les chroniques en 1024, elle devint le fief de Vladimir Vsevolodovitch Monomaque, vers la fin du xie siècle. Elle est ensuite la capitale de la petite principauté de Souzdal, puis, sous le règne du prince Iouri Dolgorouki, celle de la principauté de Vladimir-Souzdal, statut qu'elle perd en 1157, pour le retrouver peu avant l'invasion des Mongols, en 1238. Le plus ancien monument de la région, partiellement conservé jusqu'à nos jours, date de 1152. Il s'agit de la résidence princière qu'érigea Iouri Dolgorouki à l'extérieur de la ville, en bordure de la Nerl. Il en reste aujourd'hui une chapelle située dans le village de Kidekcha et consacrée aux saints Boris et Gleb. Les fragments de fresques du xiiie siècle conservés dans cette chapelle princière les représentent à cheval, alors que la femme de Iouri Dolgorouki figure en impératrice byzantine.
À l'intérieur de la ville, dans l'enceinte du kremlin situé sur les bords de la Kamenka, fut édifiée à partir de 1220 la cathédrale de la Nativité-de-la-Vierge, reconstruite au xvie siècle, dont la partie la plus ancienne est très richement sculptée. Ses célèbres portes dorées furent réalisées au xiiie siècle : sur la porte occidentale sont représentés des sujets évangéliques, sur celle de la façade sud, les actions de l'archange Michel, patron militaire des princes russes. Des fragments des fresques datant de 1233 demeurent, essentiellement dans l'abside sud de l'église.
La plupart des autres monuments de Souzdal datent des xvie et xviie siècles. Dans l'enceinte de l'ancien kremlin, il faut d'abord mentionner le bâtiment de l'Archevêché, avec sa salle de réception de 305 mètres carrés, dont la voûte n'est soutenue par aucun pilier. Les appartements privés des métropolites abritent aujourd'hui une exposition permanente des icônes de l'école de Vladimir-Souzdal, dont l'une des pièces maîtresses est la Vierge de Saint-Maxime, peinte au début du xiiie siècle pour commémorer le transfert, en 1299, de la chaire métropolite de Kiev à Vladimir. Les églises souzdaliennes de la fin du xviie siècle, telle celle de Saint-Lazare (1667), se caractérisent par une toiture pyramidale aux lignes concaves, surmontée de coupoles en forme de bulbes.
Cinq grands ensembles monastiques marquent le paysage de la cité. À la limite de la vieille ville, au nord, se trouve le monastère le plus ancien de Souzdal, celui de la Déposition-de-la-Robe-de-la-Vierge (Rizopolozhenie). Il porte le nom d'une fête de l'Église d'Orient, qui célèbre, le 2 juillet, un événement advenu au ve siècle, sous l'empereur Léon Ier, quand l'habit de la Vierge, découvert à Nazareth, fut déposé dans l'église des Blachernes à Constantinople. Selon les chroniques locales, le monastère fut fondé en 1207, mais les bâtiments les plus anciens qui demeurent aujourd'hui, tels que son abbatiale et la porte Sainte, couronnée de deux pyramides, datent des xvie et xviie siècles. Quant au grand clocher du monastère (1813-1819), visible de toutes parts, il fut érigé pour célébrer la victoire russe sur l'armée napoléonienne, en 1812.
Le monastère Saint-Alexandre fut fondé en 1240 par Alexandre Iaroslavitch Nevski (1220-1263), fils de Iaroslav Vsevolodovitch, d'abord prince de Novgorod (1236-1251), puis grand-prince de Vladimir (1252-1263), célèbre par ses victoires successives sur les Suédois (1240) et les chevaliers Teutoniques (1242). Le monastère était destiné aux femmes issues de la noblesse qui étaient devenues veuves durant les premières années de l'invasion mongole. Jusqu'à sa dissolution, en 1764, il bénéficia de faveurs particulières de la part des grands-princes et des tsars de Moscou.[...]
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Écrit par
- Olga MEDVEDKOVA : chargée de recherche au centre André-Chastel, université de Paris-IV-Sorbonne, docteur en histoire et civilisation de l'École des hautes études en sciences sociales, habilitée à diriger les recherches
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Médias