ANNECY
Annecy, commune-centre (53 043 habitants) d'une aire urbaine de 221 111 habitants (recensement de 2012), chef-lieu de Haute-Savoie, est une ville indissociable de son lac, tant l'un et l'autre sont liés dans l'imaginaire collectif. Annecy est sise au bord même du lac, au débouché d'une cluse, à cheval sur le Thiou, qui fournit naguère la force motrice à de nombreuses fabriques et sert aujourd'hui de décor à la mise en scène touristique du vieil Annecy, symbolisant la double vocation industrielle et touristique de la ville. Si la situation n'est pas exceptionnelle, sur un axe transversal aux grandes liaisons alpines, le site combine cependant la facilité de la plaine des Fins pour l'urbanisation contemporaine des zones d'activités et l'écrin magique des montagnes (Aravis, Bornes) et de l'eau pour les touristes du monde entier.
Si l'occupation humaine des bords du lac est très ancienne (– 3 100 avant J.-C.), l'existence de la cité d'Annecy n'est attestée que depuis le xiie siècle, dans une configuration typiquement médiévale, née sous la protection du château, gardien du péage sur le Thiou. Dans l'histoire, la ville sera par deux fois le double de Genève. En premier lieu, lorsque le comte de Genève, chassé par ses évêques, y établit sa résidence au xiiie siècle. Quand la lignée des comtes s'éteint en 1394, Annecy devient savoyarde sous le prestigieux duc Amédée VIII, qui en fait la capitale de l'apanage du Genevois. Au xvie siècle, c'est l'évêque de Genève qui, cette fois, fuit devant la Réforme calviniste (1535). Annecy connaît alors un âge d'or religieux marqué par l'épiscopat de saint François de Sales (1602-1622), la fondation avec Jeanne de Chantal de l'ordre de la Visitation (1610), parmi d'autres ordres religieux qui font de la ville une capitale du puissant mouvement dévot. Pour autant, Annecy n'avait encore que 5 000 habitants à la fin du xviiie siècle, alors que Chambéry en comptait 12 000. Les débuts de l'industrie, pendant la période française de la Révolution et de l'Empire, portent la population à 11 000 habitants en 1806.
La transformation urbaine des xixe et xxe siècles s'effectue en trois grandes phases. La première industrie (cotonnades) prospère à l'abri de la protection douanière du régime sarde. Après l'annexion (1860), une deuxième vague d'activités industrielles bénéficie de l'aménagement du Thiou et de l'arrivée de la houille blanche, comme les Forges de Crans ou le fabricant suisse de roulement à billes Schmidt, préfigurant le bel avenir de la métallurgie et de la mécanique de précision. La troisième phase de développement correspond à la décentralisation industrielle des années 1960 et complète la gamme industrielle annecienne avec l'installation de chaînes de fabrication de biens intermédiaires ou de consommation – Alcatel, Gillette –, mais aussi la réussite exceptionnelle d'initiatives locales : les fromages Entremont, les skis et accessoires de sport Salomon ou la poêle Téfal. Aujourd'hui, le bassin d'emploi d'Annecy (plus de 87 000 actifs) se caractérise par l'ouverture à l'extérieur (une part importante des salariés privés travaillent pour l'export) et son haut niveau de qualification (sur-représentation des cadres et techniciens supérieurs). Annecy est devenu ainsi l'un des pôles majeurs de développement du sillon alpin.
La ville offre à cette population active, souvent venue d'ailleurs, un cadre de vie qu'elle apprécie, fait de nature, de sport et de loisirs, ainsi qu'un décor urbain patrimonial bien mis en valeur. Grâce à un plan d'extension visionnaire datant de la fin du xviiie siècle, le centre-ville historique autour du château a été préservé.[...]
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Écrit par
- Franck SCHERRER : agrégé de géographie, professeur de géographie, aménagement de l'espace et urbanisme à l'université Lyon-II
Classification
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