LAMING-EMPERAIRE ANNETTE (1917-1977)

Spécialiste de la préhistoire, plus particulièrement de la préhistoire en Amérique du Sud, domaine qu'elle a en grande partie contribué à créer et à animer en France. Annette Laming-Emperaire, est décédée accidentellement au cours d'un voyage au Brésil.

Née à Petrograd (Russie), Annette Laming fait à Paris des études de philosophie, lorsque survient la guerre qui les interrompt. Elle se tourne alors vers l'enseignement, tout en participant à la Résistance. En 1946, elle entre comme chercheur au Centre national de la recherche scientifique.

Elle s'intéresse surtout à l'art paléolithique d'Europe occidentale, dont elle cherche à retrouver les lois et la signification profonde. Dans sa thèse de doctorat d'État, elle démontre le caractère élaboré des compositions pariétales paléolithiques, et met en évidence pour la première fois, par l'analyse des associations de figures animales, l'existence d'un dualisme mâle-femelle. En même temps, avec son mari l'ethnologue et archéologue José Emperaire, elle accomplit ses premières missions en Amérique du Sud.

À partir de 1951, les Missions archéologiques françaises se multiplient dans le Chili austral. Leur activité s'exerce essentiellement dans les régions des « mers intérieures » de Skyring et d'Otway, dans la région volcanique de la frontière chileno-argentine, et sur les côtes nord et sud du détroit de Magellan. De nombreux sites préhistoriques sont alors découverts, certains parmi les plus importants de ces régions australes. Citons les gisements clés d'Englefield dans la mer d'Otway (découvert et fouillé en 1951), Ponsonby sur les rives du Skyring (1958), Munición sur la côte du détroit (1958). Dans le même temps, Annette et José Emperaire travaillent sur d'autres sites déjà célèbres du sud de la Patagonie, telles la grotte du Mylodon ou celle de Fell. De l'ensemble des travaux effectués se dégagent peu à peu les grandes lignes de la plus ancienne histoire de cette extrémité du monde, habitée depuis près de dix mille ans.

Entre les séjours dans l'extrême sud de l'Amérique et ses recherches en France, Annette Laming-Emperaire effectue avec son mari, à partir de 1955, de fréquentes missions dans le sud du Brésil, où elle fouille sur le littoral les sambaquis, ou amas de coquilles. Elle organise sur place une école de fouilles – la première du genre dans ce pays – et forme une équipe de préhistoriens brésiliens dont les activités n'ont cessé de se développer. Annette et José Emperaire sont à nouveau en Patagonie en 1958 lorsque José Emperaire meurt enseveli sous un éboulement sur leur chantier de Ponsonby. Annette Laming-Emperaire continue le travail entrepris, et c'est désormais seule qu'elle organisera les nouvelles missions, accompagnée de ses étudiants. En 1965, la découverte du gisement de Marazzi en Terre de Feu permet d'établir la plus longue séquence stratigraphique connue dans cette région du monde, au Brésil, elle met en oeuvre à partir de 1971 un vaste programme de recherches dans la région de Lagoa Santa, site rendu célèbre à la fin du xix^e siècle par les trouvailles de crânes humains associés à de la faune fossile, faites par le paléontologue danois Lujn ; aucune séquence culturelle n'avait cependant été établie. Les recherches dirigées par Annette Laming-Emperaire (en particulier à Lapa Vermehla) ainsi que les relevés effectués sur les innombrables peintures rupestres existant dans la région, permettent de retracer peu à peu l'histoire de la plus ancienne occupation humaine, de l'évolution des cultures et des types humains, depuis les origines jusqu'aux Indiens de l'époque historique.

Mais les activités d'Annette Laming-Emperaire ne s'arrêtent pas encore là. Elle occupe de 1960 à 1966 le poste de maître-assistant[...]