ANOURES
Phylogénie, systématique et écologie
Il existe plus de 5 000 espèces d'Anoures réparties dans plus de 40 familles relativement bien définies mais dont le contenu peut varier suivant les auteurs. La phylogénie des Anoures donnée ici a été proposée par Duelman et Trueb (1986) à partir de l'analyse de quinze caractères morphologiques différents. La structure vertébrale, base de l'ancienne classification proposée par Noble, s'est avérée extrêmement variable et sujette à des convergences.
Les Anoures sont parfois – mais arbitrairement – subdivisés en « anoures primitifs » et en « anoures supérieurs », les derniers constituant un grand ensemble monophylétique, mais dont les familles ont des relations phylogénétiques controversées. Nous ne citons ici que quelques-unes des familles d'anoures les plus significatives.
Anoures primitifs
Leiopelmatidés, Ascaphidés et Discoglossidés. Les Leiopelmatidés, Ascaphidés et Discoglossidés sont les plus primitifs des Anoures actuels. Les Leiopelmatidés sont cantonnés à la Nouvelle-Zélande, avec l'unique genre Leiopelma. Les Ascaphidés, vivant uniquement en Amérique du Nord, sont représentés par le genre Ascaphus. Chez ce dernier, la fécondation est interne. Le mâle possède un organe copulateur, cas unique chez les Anoures, qu'il introduit dans le cloaque de la femelle. Celle-ci fixe le cordon d'œufs aux aspérités rocheuses du fond des torrents montagnards où a lieu la ponte. Les têtards possèdent près de la bouche un organe adhésif par lequel ils se fixent aux rochers (adaptation à la vie torrenticole). Les Discoglossidés sont de petits anoures eurasiatiques et nord-africains qui s'éloignent peu des points d'eau et présentent de nombreux caractères primitifs. On peut citer par exemple Discoglossus pictus (grenouille peinte), Bombina variegata (sonneur à ventre jaune). Le plus curieux est Alytes obstetricans (crapaud accoucheur), dont le mâle saisit le cordon d'œufs au fur et à mesure qu'il est pondu (et fécondé) et l'enroule autour de ses cuisses. Il le libère lorsque les larves ont des branchies externes.
Pipidés et Rhinophrynidés. Les Pipidés sont entièrement aquatiques et ont une forme très hydrodynamique. Ils possèdent une ligne latérale sensorielle et n'ont pas de langue : par exemple Xenopus (Afrique) et Pipa (Amérique du Sud). Chez ce dernier, chaque œuf incube dans une petite poche creusée dans la peau du dos de la femelle. La métamorphose s'y déroule complètement.
Les Rhinophrynidés ne sont représentés que par une seule espèce mexicaine, sorte de petit crapaud au corps ovoïde et dépourvu de dents, qui se nourrit de termites.
Pélobatidés et Pélodytidés. Chacune des deux familles comprend un genre européen : Pelobates et Pelodytes. De taille moyenne, ces anoures sont crépusculaires ou nocturnes et restent enfouis pendant la journée dans des cavités. Pelobates creuse des terriers avec ses pattes postérieures dont le métatarse porte un fort épaississement corné alors que Pelodytes se cache dans des cavités existantes. Les têtards de Pelobates sont gigantesques (de 15 à 20 cm).
Anoures supérieurs
On regroupe dans les anoures supérieurs un ensemble de familles très riches en espèces, et qui partagent toutes un caractère comportemental lié à l'accouplement : l'amplexus axillaire. Ce terme désigne la manière dont le mâle maintient la femelle entre ses pattes antérieures, au niveau des aisselles ou de la tête.
Les anoures supérieurs comprennent un grand ensemble monophylétique, les Firmisternes, caractérisé par une ceinture pectorale soudée ventralement, et un grand ensemble très probablement hétérogène, paraphylétique, qui compte plusieurs familles, parmi lesquelles on peut citer les suivantes :
– Leptodactylidés. Les Leptodactylidés sont des anoures, principalement sud-américains,[...]
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Écrit par
- Pierre CLAIRAMBAULT : professeur
- Philippe JANVIER : directeur de recherche émérite au CNRS
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