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ANSELME DE LAON (mort en 1117)

Maître en Écriture sainte du début du xiie siècle, qui joua un rôle important dans le développement de la science sacrée par ses gloses, relativement originales, de plusieurs livres inspirés et par la part qu'il prit à la composition des sentences des Pères, ouvrant la voie aux recueils systématiques qui préparèrent les grandes sommes scolastiques.

Né entre 1030 et 1050, près de Laon, d'une famille de paysans, il reçoit au Bec l'enseignement d'Anselme et va enseigner à son tour, sinon à Paris, comme on l'a dit, du moins à Laon, où il dirige, pendant une longue période, une école particulièrement brillante, comptant parmi ses membres Abélard, Gilbert de La Porrée, Guillaume de Champeaux. Plusieurs fois, il refuse l'épiscopat pour se consacrer complètement à cette tâche. La Glossa interlinearis et la Glossa ordinaria (éd. Lefèvre, 1894) sur les Psaumes et sur saint Paul, qu'il compose, avec son frère Raoul, en utilisant des ébauches plus anciennes, deviennent bientôt, comme les manuscrits l'attestent, des manuels d'exégèse très répandus, inaugurant une nouvelle méthode, brève et soignée, d'exposition littérale de l'Écriture.

Ce qui lui revient des Sententiae, copiées et éditées sous son nom, brèves réponses patristiques à des objections théologiques et juridiques, n'est pas encore clairement établi (cf. A. M. Landgraf, Introduction à l'histoire de la littérature théologique de la scolastique naissante, 1973). Il en est de même de certains commentaires non systématiques, notamment sur l'Apocalypse et le Cantique des cantiques, dont l'attribution n'est pas encore décidée.

Est-il certain qu'il inaugure la série des livres des sentences, c'est-à-dire des recueils de textes des Pères de l'Église classés par ordre des matières, donnant le modèle que vont reproduire et améliorer Pierre Abélard, Robert de Melun, Pierre Lombard et beaucoup d'autres ? Son rôle fondateur dans la première génération scolastique ne semble pas s'accompagner d'une influence durable en ce qui concerne la composition des sentences. Il n'est pas en mesure d'ajouter à son interprétation des textes l'élaboration philosophique qu'on attend de plus en plus et dont certains de ses disciples donneront l'exemple.

Reste que, dirigeant les travaux considérables de l'école de Laon, avec son frère Raoul, qui meurt en 1136, dix-neuf ans après lui, il jalonne de matériaux patristiques, rangés dans un ordre qui est à peu près celui du Credo, la route qu'au siècle suivant auront à parcourir les sommes.

— André CANTIN

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