ANTARCTIQUE
L'avenir de l'Antarctique
Les moyens mis en œuvre par les membres des expéditions antarctiques ont si bien multiplié les connaissances acquises que l'on peut désormais dresser, de manière vraisemblable, la liste des ressources prouvées et prévisibles de cet immense domaine, certaines de ces ressources faisant déjà l'objet d'une exploitation.
La chasse à la baleine est l'activité économique la plus ancienne qu'ait connue l'Antarctique. Pratiquée, d'abord, par les Norvégiens, puis par les Japonais et les Soviétiques, elle est réglementée depuis la signature de la convention de 1946 qui fut le premier acte international relatif à l'Antarctique. Les eaux australes offrent aux baleiniers leur principale zone de travail, si bien que les espèces les plus recherchées, telles que les grandes baleines bleues, étant menacées de disparition, il a fallu réglementer les prises et interdire la chasse aux phoques. La Commission pour la conservation des ressources marines vivantes en Antarctique se préoccupe aussi d'éviter la surexploitation des poissons, que les pêcheurs venus surtout de l'ex-R.D.A., d'Union soviétique et de Pologne capturent, malgré l'éloignement des sites, par centaines de milliers de tonnes. L'intérêt des gens de mer s'est aussi porté sur le krill, rassemblement en manière d'« essaim » de petites crevettes, si abondant que l'on a pu penser pouvoir, en l'exploitant à grande échelle, doubler, voire tripler, le tonnage annuel des prises maritimes mondiales, lequel est de l'ordre de 90 millions de tonnes. Déjà, Japonais, Soviétiques et Polonais en ont capturé plusieurs centaines de milliers de tonnes qu'ils commercialisent, principalement, sous la forme de galettes destinées à l'alimentation du bétail. Mais les résultats du programme de recherche « biomasse » ne permettent pas encore d'évaluer de manière précise l'importance des réserves de krill et de définir les limites de leur exploitation rationnelle.
Le tourisme commence à susciter quelques activités qui demeurent marginales. L'expérience acquise par les explorateurs en matière de navigation aérienne et maritime aux très hautes latitudes ainsi que les équipements d'aide à la navigation mis en place pour eux rendent possible l'organisation de vols au long des côtes de l'Antarctide ou de croisières côtières comportant de courts débarquements. La beauté des paysages en été justifie, en dépit du coût de pareils déplacements, l'organisation de ces circuits. Si ces activités, qui ne conduisent encore, dans ces parages, que quelques milliers de touristes fortunés, devaient se développer, la sécurité des voyageurs et la protection des sites ne manqueraient pas d'exiger la mise en œuvre de mesures réglementaires strictes.
Des projets fort sérieux ont été avancés pour établir des lignes aériennes transpolaires australes, surtout depuis que le succès des lignes transarctiques a souligné l'intérêt des liaisons orthodromiques aux très hautes latitudes. Dès le mois d'octobre 1957, la compagnie Pan American Airways réalisait, avec un appareil de ligne, la première liaison entre Christchurch et McMurdo. Depuis lors, l'infrastructure s'est beaucoup améliorée : l'Antarctide dispose de nombreuses pistes d'atterrissage accessibles aux avions de gros tonnage, ainsi que d'un réseau de stations de radioguidage et de postes météorologiques suffisamment développé pour assurer une bonne protection des appareils en vol. Mais si l'avion assure bien, aujourd'hui, le transport des personnes qui vont séjourner en Antarctique, aucune liaison commerciale transpolaire régulière n'a pu être organisée, une telle tentative ne présentant guère d'intérêt commercial. Les populations australes sont trop peu nombreuses, et les grandes villes, génératrices de trafic, sont situées à des[...]
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Écrit par
- Pierre CARRIÈRE : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres
- Edmond JOUVE : professeur à la faculté de droit de l'université de Paris-V-René-Descartes, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
- Jean JOUZEL : directeur de recherche au Commissariat à l'énergie atomique, directeur de l'institut Pierre-Simon-Laplace des sciences de l'environnement global, président du conseil d'administration de l'institut polaire français Paul-Émile-Victor
- Gérard JUGIE : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur de l'Institut polaire français Paul-Émile-Victor (I.P.E.V.)
- Claude LORIUS : directeur de recherche émérite au C.N.R.S, laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement, Grenoble
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