ANTE, architecture

Terme qui désigne dans un édifice antique le renforcement de l'extrémité d'un mur. L'ante est généralement agrémentée d'un pilastre surmonté d'un chapiteau, pour être harmonisée avec les colonnes voisines. Cette structure est d'origine dorique mais elle s'étendra à l'ordre ionique ; elle représente la survivance « pétrifiée » des coffrages de bois qui protégeaient les points fragiles des murs de brique crue dans l'architecture primitive. La forme de l'ante va se définir dans l'ordre dorique au cours du ~ vi^e siècle et se systématiser à partir du ~ v^e siècle. Elle est construite d'un seul tenant avec le mur lui-même et se caractérise, pour des raisons architectoniques, par une nette dissymétrie entre les deux ressauts latéraux : en effet, le retour interne de l'ante correspond dans les édifices in antis aux colonnes du pronaos et, comme elles, il porte son architrave, tandis qu'à l'extérieur sa largeur s'adapte à celle du triglyphe d'angle de la frise et peut être très réduite.

La frise ionique dépourvue de triglyphe n'exige pas cette dissymétrie et les antes des édifices de cet ordre sont généralement de plan carré. Une demi-colonne vient parfois s'y engager.

Dans les deux ordres, les pilastres sont surmontés d'un chapiteau dont le type est spécifique à cet emplacement : chapiteau simplement orné d'une moulure concave en bec de corbin et d'un listel (moulure plate), parfois d'un cavet (moulure concave dont le profil est en arc de cercle) dans les constructions doriques, dont la sévérité s'oppose au chapiteau d'ante ionique caractérisé par la richesse et la fantaisie de son décor.

— Martine Hélène FOURMONT