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ANTHEM, musique

Du vieil anglais anteifn, du grec et du latin antifona, de l'espagnol et de l'italien antifona, l'anthem, forme de musique religieuse anglicane, est une paraphrase libre (et non une traduction littérale anglaise) de textes bibliques (psaumes de David, en particulier), chantée pendant l'office, généralement après la troisième collecte, mais le texte ne fait pas officiellement partie de la liturgie.

Avant la Réforme anglicane, anthem désigne une antienne (antifona), c'est-à-dire « une voix en réponse » ou la récitation en alternance (par demi-chœurs) des psaumes, ou une pièce ajoutée à l'office.

Après la Réforme, et à partir de la version de 1662 du Book of Common Prayer, livre (officiel) de la prière commune en langue anglaise, pour les matines et pour les vêpres, il est précisé que, dans l'office quotidien et dans les prières du soir, « les chœurs et interventions chorales sont suivis de l'anthem ». Cette pratique rejoint l'injonction de la reine Élisabeth Ire en ces termes : « chanter à l'église une hymne ou autre chant de ce genre ».

Au xvie siècle, l'anthem, en forme de motet polyphonique (à plusieurs voix), est traité par Christopher Tye (1500 env.-1572) et Thomas Tallis (1505 env.-1585) — qui composent, chacun, une douzaine de pièces pour la nouvelle liturgie issue de la Réforme, dans le sillage de l'archevêque Thomas Cranmer, et conformément aux recommandations du roi Henry VIII relatives à la langue vernaculaire —, par John Sheppard (1515 env.-1560 ou 1563), auquel on en doit quatorze, et, surtout, par William Byrd (1542 ou 1543-1623), qui en mit quarante-deux en musique ; son esthétique est ancrée dans la tradition polyphonique contrapuntique issue du xvie siècle et reste proche de la fonction liturgique de l'anthem.

Au xviie siècle, la vogue du chant individuel et du style monodique (monodie accompagnée) permet à l'anthem de justifier sa dénomination, car anthem signifie, en fait, anti-hymn, c'est-à-dire chant alterné (antiphoné) et donne naissance — selon l'alignement au goût du jour — à deux types : le full anthem pour chœur, avec ou sans accompagnement à l'orgue (par exemple O God thou Hast Cast us out, de Henry Purcell) ; le verse anthem, avec des versets (pour solo, duo, trio, quatuor vocal), dans lequel le chœur accompagné à l'orgue alterne avec des passages pour voix seules soutenues par un ensemble de violes (par exemple O Lord Rebuke me not, de Henry Purcell).

Ces deux genres, full anthem et verse anthem, sont cultivés par Pelham Humphrey (1647-1674), John Blow (1649-1708), qui compose, entre autres, un anthem pour les obsèques du général Monk (O Lord, I Have Sinned), pour le couronnement du roi Jacques II (We Will Rejoice in the Salvation), pour celui de William et Mary (The Lord God Is a Sun), pour la dédicace de la cathédrale Saint Paul en 1697 (I Was Glad). Henry Purcell (1654-1695) a écrit des anthems pour la Chapelle royale. Parvenue à ce stade, la forme évolue vers la cantate avec accompagnement orchestral et atteint son apogée à la fin du xviie siècle. Le genre, pratiqué par Georg Friedrich Haendel (1685-1754) lors de son installation en Angleterre, ne disparaîtra pas au xixe siècle et inspire encore les compositeurs anglais du xxe siècle.

— Edith WEBER

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, professeur à l'Institut catholique de Paris, docteur ès lettres et sciences humaines

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Autres références

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  • BYRD WILLIAM (1540 env.-1623)

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