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SHAFTESBURY ANTHONY ASHLEY COOPER 1er comte de (1621-1683)

Homme politique anglais de tout premier plan. La vie publique de Shaftesbury commence en 1640 par son élection au Parlement et elle est marquée par des retournements étonnants qui l'ont fait qualifier de « Jeckyll et Hyde de la vie politique anglaise » (David Ogg). Successivement partisan du roi, puis du Parlement au temps de la première Révolution anglaise, admis à siéger dans tous les parlements révolutionnaires sauf celui de 1656, distingué par Olivier Cromwell, placé grâce à Monk dans le Conseil exécutif de 1660, Shaftesbury a secondé l'œuvre de restauration de Charles II. En 1661, avec le titre de baron Ashley, il reçoit le poste alors secondaire de chancelier de l'Échiquier ; en 1667, il est, avec Clifford, Arlington, Buckingham et Lauderdale, l'un des cinq membres du ministère de la Cabale appelé à succéder au gouvernement Clarendon ; en 1672, son dévouement lui vaut le titre de comte de Shaftesbury et le poste de lord chancelier ; il est alors un serviteur privilégié de Charles II. L'année suivante, brouillé avec le souverain qui a ratifié le Test Act, il entre dans une phase nouvelle de sa vie politique : il demeure le plus souvent dans une opposition boudeuse ou hargneuse, se fait le héraut des libertés, présente des plans de réforme électorale qui anticipent certaines des décisions de 1832, est l'un des principaux auteurs de la loi d'Habeas Corpus de 1679 et devient, à la tête de ses amis « whigs », le grand adversaire des droits successoraux de Jacques d'York ; brièvement rappelé au pouvoir en 1679, il se brouille ensuite définitivement avec Charles II, multiplie les clameurs antipapistes, complote probablement en faveur du duc de Monmouth, bâtard de Charles II, et n'échappe à une nouvelle arrestation, après un emprisonnement en 1680, que par une fuite précipitée en Hollande, en 1682, après la découverte d'un complot préparé en compagnie de plusieurs chefs whigs. Il meurt en exil trois mois avant le complot de Rye House dirigé contre Charles II, qu'il avait peut-être contribué à mettre sur pied. Il est difficile de trouver dans ses actes une continuité doctrinale sans doute absente : il paraît avoir été sincèrement libéral et tolérant, mais sans jamais renoncer à utiliser les armes de l'intolérance, comme le démontre son comportement excessif dans l'affaire Titus Oates. Il aura contribué à définir les principes fondamentaux de la doctrine whig, et à son action est liée la naissance de l'un des deux grands « partis » britanniques avant le xixe siècle ; par son ardeur dans la bataille de l'exclusion contre Jacques d'York et par ses intrigues, il a aussi contribué à disqualifier ce parti pendant plusieurs années.

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Autres références

  • HABEAS CORPUS

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    • 2 223 mots
    ...succession au trône et l'apparition d'une opposition whig créent dans les milieux dirigeants et populaires une atmosphère d'insécurité et de craintes. C'est alors qu'en 1679 le leader whig lord Shaftesbury introduit un nouveau bill d'Habeas Corpus, accepté cette fois par les deux chambres. L'Acte de 1679...