ROLFE JOHNSON ANTHONY (1940-2010)
Le ténor britannique Anthony Rolfe Johnson a mis sa voix ainsi que ses remarquables dons d'acteur au service d'ouvrages lyriques allant de Bach et Haendel – « [il] fut d'abord, surtout et pour jamais LE ténor handélien » (Ivan A. Alexandre) – à Britten, en passant par Mozart.
Né le 5 novembre 1940, à Tackley (Oxfordshire), Anthony Rolfe Johnson opte d'abord pour le métier de fermier, dans le West Sussex. Il se produit dans une chorale locale, où ses dons pour le chant sont découverts ; il abandonne alors le travail de la terre afin d'intégrer, vers l'âge de vingt-neuf ans, la Guildhall School of Music and Drama de Londres, où il étudie le chant avec Ellis Keeler et Vera Rózsa. Titulaire d'une bourse de la fondation Eva-Turner, il apprend à déchiffrer les partitions et, rattrapant rapidement le temps perdu, se perfectionne auprès des ténors Richard Lewis et Peter Pears. Il débute sur scène en 1973, au Sadler's Wells de Londres, au sein de la troupe de l'English Opera Group, en interprétant le Comte de Vaudémont dans Iolantha de Tchaïkovski. Il se produit au festival de Glyndebourne en 1974, où il incarne Lensky (Eugène Onéguine de Tchaïkovki), puis en 1975 (Fenton dans Falstaff de Verdi). Grand mozartien, il débute en 1978 à l'English National Opera dans les rôles de Tamino (La Flûte enchantée) et d'Ottavio (Don Giovanni) ; en 1983, il chante Don Polidoro (La Finta semplice) aux Mozartwochen de Salzbourg ; en 1984, il interprète Ramiro (La Finta Giardiniera) au festival d'Aix-en-Provence, et débute à la Scala de Milan, dans le rôle-titre de Lucio Silla ; il retourne à Milan en 1986, pour La Clemenza di Tito (Tito). Il débute au Covent Garden de Londres le 22 décembre 1988, dans le rôle de Jupiter de Semele de Haendel. C'est dans le rôle-titre d'Idomeneo de Mozart, où il se montre incomparable, qu'il fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York, le 28 septembre 1991, et qu'il apparaîtra une seule fois à Paris, à l'Opéra-Bastille, en 1996 (il donne de ce rôle une version discographique de référence sous la direction de John Eliot Gardiner, 1990). Son répertoire s'élargit à Benjamin Britten, dont il devient un exceptionnel interprète : rôle-titre de Peter Grimes (enregistré sous la direction de Bernard Haitink, 1992), Gustav von Aschenbach de Death in Venice, le comte d'Essex dans Gloriana, le capitaine Vere de Billy Budd (enregistré sous la direction de Kent Nagano), le Chœur masculin de The Rape of Lucretia, War Requiem. Il chante également Tchaïkovski (Eugène Onéguine), Verdi (Cassio dans Otello enregistré par Georg Solti), Debussy (Pelléas à La Monnaie de Bruxelles), Monteverdi (rôle-titre d'Orfeo, enregistré sous la direction de John Eliot Gardiner, Ulisse d'Il Ritorno d'Ulisse in patria). Outre ses prestations à l'opéra et en récitals, Anthony Rolfe Johnson est un remarquable interprète de concert (oratorios, cantates...) ; il reçoit les louanges de la critique pour ses enregistrements de La Passion selon saint Matthieu (1988) et de La Passion selon saint Jean (1990) de Bach (L'Évangéliste, sous la direction de John Eliot Gardiner), ainsi que pour sa participation à l'intégrale des lieder de Schubert enregistrée pour la firme Hyperion Records. Il est incomparable dans Haendel, dont il a enregistré de très nombreux ouvrages : Ode for St Cecilia's Day, Saul, Alexander's Feast, Samson avec Nikolaus Harnoncourt, Acis and Galatea, Semele, Solomon, Le Messie avec John Eliot Gardiner, Athalia, Esther avec Christopher Hogwood, Belshazzar avec Trevor Pinnock, Jephtha avec Neville Marriner... En 1976, Rolfe Johnson participe – avec Ann Murray, Felicity Lott et Richard Jackson –, sous l'égide du pianiste accompagnateur Graham Johnson, à la fondation du Songmakers' Almanac, association qui mêle[...]
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Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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