- 1. Les prémices
- 2. Le pionnier
- 3. Artistes, artisans
- 4. L’approche structurale
- 5. L’art comme langage
- 6. Les esthétiques locales
- 7. L’art comme acteur social
- 8. La réhabilitation des productions commerciales
- 9. Art, identité et politique
- 10. La vie sociale des objets
- 11. « Artification » et monde de l’art
- 12. Anthropologie interculturelle de l’art
- 13. Un domaine en extension
- 14. Bibliographie
ANTHROPOLOGIE DE L'ART
La réhabilitation des productions commerciales
En anthropologie, l’art s’est longtemps réduit aux productions dites traditionnelles, tenues pour plus authentiques et menacées de disparition. Ses spécialistes écartaient ainsi de leur champ d’études les artefacts trop marqués par la modernisation ou à finalité commerciale (art populaire, touristique). La réhabilitation de ces objets conceptuellement ou physiquement hybrides participa de la prise en compte accrue des changements sociaux et des interactions avec l’Occident. Depuis Ethnic and Tourist Arts, l’ouvrage précurseur de Nelson Graburn (1976), les recherches ont montré la non-pertinence de cette distinction pour la compréhension anthropologique des sociétés, l’utilisation d’outils, de matériaux ou de supports importés n’affectant pas foncièrement le rapport local à l’art. De fait, tout en satisfaisant certaines attentes extralocales, les fabricants qui se procurent ainsi de nouvelles sources de revenus parviennent à exprimer leur créativité (Jules-Rosette, 1987) en même temps que des valeurs ou conceptions qui leur sont propres (Morphy, 1991). Le renouvellement du regard sur les créations populaires prit parfois la forme de collaborations entre artistes et ethnologues, telle celle qu’impulsa Johannes Fabian (1996) en encourageant un autodidacte zaïrois à peindre sa version de l’histoire coloniale.
Parallèlement à la réhabilitation de l’art commercial récent, les ethnologues entreprirent aussi de déconstruire l’idée selon laquelle l’ancienneté des objets vaudrait gage d’authenticité, en arguant que la fabrication de répliques commerciales était contemporaine des premiers temps de la colonisation (Philipps et Steiner, 1999). Dès le début du xxe siècle, il arrivait même que des objets à usage rituel incorporent des matériaux importés (plastique, tissu, peinture acrylique) et que les copies destinées au commerce les excluent pour mieux répondre aux goûts des Européens (Schildkrout et Keim, 1998).
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Écrit par
- Brigitte DERLON : directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
- Monique JEUDY-BALLINI : directrice de recherche au CNRS, chercheuse en anthropologie sociale
Classification
Média
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