- 1. Un corpus patrimonial en expansion
- 2. Un monopole historien remis en cause
- 3. Vers une anthropologie du patrimoine
- 4. Le patrimoine comme objet anthropologique. Échelles et incarnations de la patrimonialisation
- 5. Le patrimoine comme savoir. Légitimités, expertises et conflits
- 6. Le patrimoine comme image de soi. Culture, altérité et performance
- 7. Le patrimoine, une fabrique de l’humain
- 8. Bibliographie
ANTHROPOLOGIE DU PATRIMOINE
Vers une anthropologie du patrimoine
La discipline historique a commencé à interroger ces phénomènes, classiquement en termes de patrimonialisation nationale des arts plastiques et de l’architecture (Poulot, 2006). L’anthropologie croise quant à elle les lectures historiennes et une approche plus sensible aux marges, aux négociations et à la variété des contextes. Elle questionne les individus porteurs de valeurs patrimoniales, les pratiques normatives non institutionnelles et coutumières qui aboutissent à la patrimonialisation ou les effets locaux des revendications patrimoniales. L’anthropologie observe également le destin patrimonial des faits de culture qui sont les anciens objets de prédilection de l’ethnologie et du folklore (rituels, culture populaire, musique, cuisine, territoire, par exemple). Le caractère négocié, flottant, incertain, voire conflictuel, des processus de mise en patrimoine est également un champ que l’anthropologie permet de révéler.
Ces caractéristiques, facilement repérables dans la littérature anthropologique actuelle, constituent une approche spécifique des anthropologues du patrimoine, et ont sans doute plusieurs filiations possibles. Le passé et les références à la culture comme discours d’identité collective ou individuelle constituent un champ privilégié de l’anthropologie sociale et culturelle, notamment à travers la mise en valeur des productions plastiques des peuples non occidentaux dans les musées d’ethnographie dès le xixe siècle ou l’émergence du folklore comme science des cultures européennes. La littérature consacrée à la transmission des savoirs religieux ou à la caractérisation culturelle des groupes participe également d’une tradition de l’anthropologie qui a interrogé le passé des sociétés et leurs manières de s’y rattacher. Le patrimoine culturel, en tant que fabrique des mémoires collectives, s’inscrit dans cette généalogie scientifique et se présente aujourd’hui comme un terrain multiforme et à différentes échelles. L’approche anthropologique appelle ainsi des outils déjà connus de la discipline, mais mobilise également de nouvelles clés de lecture.
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Écrit par
- Cyril ISNART : chargé de recherche au CNRS
Classification
Médias
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