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ANTHROPOLOGIE

Anthropologie structurale et anthropologie sociale

L'apport de Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss - crédits : Marc Gantier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Claude Lévi-Strauss

Il n'y a pas d'antinomie entre l'anthropologie structurale et l'anthropologie sociale. La première fut d'abord une méthode qui en vint à développer de telles implications théoriques qu'elle visa à rassembler les sciences humaines dans une science globale de la communication, dans une sémiologie où l'analyse structurale de la parenté et des mythes s'intégrerait en un de ses lieux, l'anthropologie sociale. Les interrogations que s'adressent mutuellement la méthode et la théorie révèlent à la fois les obstacles à une telle ambition scientifique et ses espoirs. Lévi-Strauss, qui rejeta les interprétations en termes d'histoire, de spécificité culturelle et de fonction, ouvrit le champ à un autre possible, celui du sens. Dès lors qu'est posée la question du sens dans la diversité des cultures, se trouve affirmée de facto la position irréductible de l'identité de l'esprit humain. S'il existe des lois de portée générale qui font sens à travers l'apparente diversité culturelle, il existe alors une structure mentale universelle. La recherche de ces universaux, tant dans les mythes que dans la parenté, vise à faire la théorie de ces structures mentales, à mettre en évidence des invariants, peu nombreux, organisés en systèmes signifiants. Si la parenté et les mythes sont privilégiés, c'est que, plus que d'autres domaines, ils offrent le caractère de systèmes (la structure prenant ici un sens différent de celui qu'elle a chez Radcliffe-Brown). Le modèle qui servit à la construction du nouvel outil analytique est la linguistique structurale : Lévi-Strauss transpose à l'ordre de la parenté et à celui des mythes la méthode phonologique, qui, s'occupant à la fois des relations entre les termes et du système, met l'accent à travers une analyse synchronique sur le caractère inconscient de l'infrastructure des phénomènes linguistiques. Traitant la structure comme un ensemble de relations fondées sur une opposition distinctive, il recherche, dans tel système, ses lois de transformation, élaborées « par l'esprit à l'étage de la pensée inconsciente ». La structure et l'organisation sociale sont distinguées, celle-ci étant la manifestation de celle-là. Le modèle construit de la structure est, selon Raymond Boudon, la « théorie d'un système d'apparence », un système de symboles. Lévi-Strauss forme le projet de penser les systèmes de parenté comme des systèmes de symboles ; il rassemble une incroyable quantité de données afin de faire la théorie de la parenté, inspirée par les idées de Mauss sur la réciprocité. Dans Les Structures élémentaires de la parenté(1949), les rapports entre la nature et la culture, repensés en termes d'opposition et de complémentarité, sont envisagés sous l'angle de l'universalité des caractères de l'espèce et de la variabilité des règles sociales. Dans les faits de parenté, ce qui instaure le lien entre nature et culture, c'est le prohibition de l' inceste, présente dans toute l'espèce humaine, et dans une grande diversité allant de la restriction minimale – les parents directs – à la plus étendue (famille, clan, village). C'est l'aspect négatif d'une règle positive qui contraint à l' échange des femmes. Les parentes proches d'un homme lui sont interdites comme épouses pour pouvoir être promises à un autre, qui, à son tour, cédera ses propres parentes proches, qui lui sont interdites à lui. Dans le cas le plus élémentaire (au niveau du système et non à celui de l'évolution), on échange une sœur contre une épouse ; c'est bien ce qu'on a pu observer chez certains aborigènes australiens où les[...]

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