- 1. Le vocabulaire de la lutte antimicrobienne
- 2. De la découverte d’un antibiotique à sa mise sur le marché
- 3. Principales classes d’antibiotiques
- 4. Du bon usage des antibiotiques
- 5. Les nouveaux antibiotiques
- 6. Alternatives aux antibiotiques
- 7. Les antibiotiques à l’heure du One Health
- 8. Bibliographie
- 9. Sites internet
ANTIBIOTIQUES
Du bon usage des antibiotiques
Chaque antibiotique possède un spectre d’activité qui regroupe les bactéries qui lui sont naturellement sensibles, et donc dépourvues de mécanismes de résistance vis-à-vis de cette molécule.
La sensibilité d’une bactérie vis-à-vis d’un antibiotique est définie par :
– la concentration minimale d’antibiotique (exprimée en microgrammes/millilitre), entraînant une inhibition visible de la croissance bactérienne (concentration minimale inhibitrice ou CMI) ;
– les seuils de concentration au-delà desquels les bactéries sont résistantes (concentrations critiques), définies par le comité de l’antibiogramme de la Société française de microbiologie (CA-SFM) et l’European Commitee on Antimicrobial Susceptibility Testing (EUCAST). Les concentrations critiques sont définies selon des critères épidémiologiques, cliniques et pharmacologiques.
Antibiogrammes
La réalisation d’antibiogrammes est la clé pour définir une antibiothérapie adaptée à une situation infectieuse. L’activité d’un antibiotique sur des bactéries est testée en laboratoire, soit par diffusion de la molécule en milieu semi-solide gélosé (dans des boîtes de Pétri généralement), soit par dilution en milieu liquide, deux modes classiques de culture des bactéries. On réalise dans un premier temps une suspension saline avec des colonies bactériennes isolées sur gélose : chaque colonie est composée de clones issus de la multiplication d’une unique bactérie. Cette suspension est soit incubée en milieu de culture liquide dans un automate pour lecture automatique de la croissance bactérienne en présence ou absence de l’antibiotique (ce qui permet de définir la CMI), soit étalée sur un milieu gélosé adapté à l’espèce bactérienne étudiée. Dans le cas de la diffusion sur gélose, des disques d’antibiotique calibrés (contenant une quantité définie d’antibiotique) sont déposés juste après l’ensemencement par la suspension de bactéries ; les préparations sont ensuite incubées dans des conditions qui suivent les recommandations nationales (CA-SFM) pour chaque espèce ou famille bactérienne. En absence d’antibiotiques, les bactéries forment un voile uniforme sur la gélose. Les antibiotiques contenus dans les disques peuvent empêcher cette croissance, ce qui se traduit par des zones circulaires d’inhibition de croissance. Les diamètres d’inhibition sont ensuite mesurés et interprétés selon le référentiel établi par le CA-SFM. Cette procédure est la base de l’établissement d’un antibiogramme, en d’autres termes le répertoire de sensibilité et résistance de la bactérie à une batterie d’antibiotiques.
On peut utiliser également des bandelettes contenant un gradient prédéfini continu de concentrations d’antibiotiques qui permettent de mesurer la CMI (μg/mL).
Les résultats permettent de classer les bactéries en trois catégories cliniques distinctes : sensible, sensible à forte posologie et résistante, ce qui oriente le choix thérapeutique des cliniciens.
Choix de l’antibiotique adapté
La résistance aux antibiotiques constitue une menace mondiale, accentuée par le mésusage de ces médicaments. Une utilisation raisonnée et raisonnable des antibiotiques est nécessaire pour limiter son apparition et sa diffusion. Pour cela, la prescription d’antibiotiques s’appuiera sur la règle de « médecine 5P » (personnalisée, préventive, prédictive, participative, selon les preuves).
En début de traitement, l’infection peut ne pas être bien documentée : l’antibiothérapie probabiliste utilise alors en première intention des molécules souvent à large spectre et tenant compte des données épidémiologiques locales. Dès que les résultats de l’antibiogramme sont disponibles, le traitement est adapté : les molécules utilisées auront alors un spectre plus étroit afin de minimiser l’impact sur la flore bactérienne du[...]
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Écrit par
- Aurélie CHABAUD : pharmacienne-biologiste spécialisée, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
- Sylvain MEYER : assistant hospitalo-universitaire, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
- Marie-Cécile PLOY : professeure des Universités, praticienne hospitalière, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
Classification
Médias
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