- 1. Le vocabulaire de la lutte antimicrobienne
- 2. De la découverte d’un antibiotique à sa mise sur le marché
- 3. Principales classes d’antibiotiques
- 4. Du bon usage des antibiotiques
- 5. Les nouveaux antibiotiques
- 6. Alternatives aux antibiotiques
- 7. Les antibiotiques à l’heure du One Health
- 8. Bibliographie
- 9. Sites internet
ANTIBIOTIQUES
Les nouveaux antibiotiques
Devant l’émergence de bactéries multirésistantes aux antibiotiques, il est impératif de trouver de nouvelles molécules antibactériennes. En 2019, quarante-deux antibiotiques étaient en développement clinique ou préclinique dans le monde. Bien que le nombre de nouveaux antibiotiques approuvés par la FDA ait triplé ces six dernières années, après une diminution de plus de 90 % entre 1983 et 2012, les perspectives de mise au point de molécules novatrices restent réduites.
Une des causes de ce manque d’innovation est d’ordre économique : les antibiotiques actifs sur les bactéries multirésistantes représentent un marché de niche, concurrentiel (car ciblé par les industries sur les mêmes agents bactériens), et peu rentable au regard de médicaments d’oncologie ou de maladies chroniques utilisés au long court. À cela s’ajoute une tendance à diminuer au maximum les durées de traitement en infectiologie pour limiter l’impact écologique. C’est pourquoi la création d’entreprises à but non lucratif ou d’un partenariat public-privé semblerait plus adaptée à la recherche, au développement et à la commercialisation de nouveaux antibiotiques. L’OMS et l’Initiative médicaments contre les maladies négligées (DNDi) ont créé le Partenariat mondial sur la recherche-développement en matière d’antibiotiques (GARDP), une organisation de recherche-développement à but non lucratif. La stratégie du GARDP vise à mettre à disposition cinq nouveaux traitements d’ici à 2025. Le GARDP travaille avec plus de cinquante partenaires des secteurs public et privé dans vingt pays pour concevoir des traitements et garantir un accès durable à ceux-ci, en favorisant un usage responsable et l’accessibilité économique. Autre initiative, Carb-X, partenariat mondial à but non lucratif créé en 2016 et dirigé par l’université de Boston, finance la recherche de nouveaux antibiotiques, de vaccins, de dispositifs de diagnostic rapide. Les investissements proviennent de différentes organisations gouvernementales américaine, britannique et allemande, ainsi que de fondations privées. Il est cependant nécessaire de développer de nouveaux modèles économiques ainsi que de nouvelles modalités d’analyse de l’efficacité des antibiotiques pour promouvoir la reprise de la recherche-développement. C’est ainsi qu’a été introduite en 2012 la bédaquiline, un nouvel antituberculeux qui a pu être développé et distribué grâce à divers partenariats entre associations, organisations internationales comme Global Drug Facility (GDF), l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), la fondation Bill-et-Melinda-Gates, l’Union internationale contre la tuberculose….
De nouvelles molécules sont donc synthétisées à partir de produits déjà connus mais modifiés chimiquement pour en améliorer les propriétés, ou alors, mais moins fréquemment, certaines sont découvertes de novo. Parmi les nouvelles molécules appartenant à des familles d’antibiotiques connues, de nombreuses nouveautés concernent les bêtalactamines, dont le premier exemple, pour mémoire, est la pénicilline : ce sont des céphalosporines de cinquième génération, actives sur le staphylocoque résistant à la méticilline (ceftaroline 2009, ceftobiprole 2019) ou sur les bacilles à Gram négatif résistants aux carbapénèmes (céfidérocol, 2019), ou encore de nouveaux inhibiteurs des bêtalactamases (avibactam, relebactam, vaborbactam) et enfin de nouvelles associations d’antibiotiques (ceftazidime-avibactam, ceftolozane-tazobactam, aztréonam-avibactam, imipénème-relebactam, meropénème-vaborbactam…). De nouvelles cyclines (omadacycline), de nouveaux glycopeptides et apparentés (dalbavancine, oritavancine), de nouvelles oxazolidones (tédizolide), une quinolone active sur les bactéries anaérobies comme la délafloxacine, ont une indication dans le traitement des infections[...]
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Écrit par
- Aurélie CHABAUD : pharmacienne-biologiste spécialisée, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
- Sylvain MEYER : assistant hospitalo-universitaire, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
- Marie-Cécile PLOY : professeure des Universités, praticienne hospitalière, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
Classification
Médias
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