ANTIGÈNES
Dans son acception la plus générale, le terme antigène désigne toute espèce moléculaire d'origine biologique ou synthétique qui, au contact de cellules appropriées du système immunitaire d'un organisme animal donné, appelé hôte ou receveur, est reconnue par ces cellules et provoque un processus impliquant leur activation, connue sous le nom de réaction immunitaire, caractérisée par la synthèse d'effecteurs moléculaires libres ou associés à des cellules ayant la propriété de se combiner spécifiquement in vivo (dans l'organisme de l'hôte) ou in vitro avec l'antigène qui en a suscité la production.
Cette définition générale met en évidence deux facettes du concept d'antigène, l'une concernant l'induction de la réaction immunitaire et l'autre l'interaction de l'antigène avec les produits de cette réaction. Dans ce contexte, le terme immunogène, souvent utilisé comme synonyme d'antigène, concerne la première facette du concept d'antigène, lorsqu'on désire mettre l'accent sur l' immunogénicité de la molécule antigénique, c'est-à-dire sa capacité d'induire la réaction immunitaire spécifique de cette molécule. Il est important de souligner que la notion d'immunogénicité d'une molécule donnée est relative, car elle est toujours liée au receveur et dépend, notamment, de son génome, de son passé immunologique et de ses conditions physiologiques du moment.
Le concept d'antigène doit être complété par celui d' haptène (du grec haptein, « se fixer à »), proposé en 1921 par Karl Landsteiner. On qualifie par ce terme toute espèce moléculaire (essentiellement des substances organiques de faible masse moléculaire) qui, au contact du système immunitaire d'un individu, est incapable de susciter une réponse immunitaire mais qui, associée ou chimiquement couplée à une macromolécule, biologique ou synthétique, qui lui sert de porteur (carrier en anglais), pourra induire une telle réponse. L'ensemble molécule porteuse-haptène constitue un conjugué hapténique qui entre dans la catégorie des antigènes artificiels. Dans un tel conjugué, l'haptène et les atomes environnants du porteur constituent un site moléculaire antigénique (néoépitope), qui sera reconnu par les anticorps ou les récepteurs T spécifiques de ce déterminant hapténique. Il est important de noter que le concept d'haptène est relatif et dépend du receveur. Ainsi, le polyoside III du pneumocoque est immunogène chez l'homme et la souris, mais ne l'est pas chez le lapin ou le cobaye, chez lesquels une réponse immunitaire pourra être suscitée si l'on injecte le pneumocoque lui-même (servant de porteur naturel du polyoside) ou le polyoside purifié associé à une macromolécule porteuse. Il s'ensuit que, selon l'hôte, une molécule peut se comporter soit comme antigène, soit comme haptène.
La réaction immunitaire est l'expression fonctionnelle de la propriété fondamentale du système immunitaire de tout individu de réagir contre n'importe quel antigène exogène ou éventuellement endogène donc propre à l'hôte, et reconnu par ce système comme « étranger ». Les antigènes exogènes peuvent être allogéniques (issus d'individus de la même espèce animale) ou xénogéniques (provenant d'autres espèces animales, d'autres organismes biologiques ou de substances organiques de synthèse).
Pendant la presque totalité du xxe siècle, la finalité (« raison d'être ») du système immunitaire (S.I.) a été perçue comme relevant d'une logique défensive contre tout agresseur antigénique dont le corollaire impliquait l'incapacité fondamentale de l'organisme de susciter une réaction immunitaire contre ses propres constituants antigéniques. Il s'agit, dans ce cas, du maintien d'un état de [...]
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Écrit par
- Joseph ALOUF : membre titulaire de l'Académie nationale de pharmacie, professeur honoraire à l'Institut Pasteur, Paris, directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., professeur à l'Institut Pasteur de Lille
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