ANTIGONE, Jean Anouilh Fiche de lecture
À la lumière de l'Antique
Outre les circonstances particulières de sa création, l'Antigone d'Anouilh (comme son Eurydice en 1941 et sa Médée en 1946) participe de l'ample phénomène de « retour » aux mythes et tragédies antiques qui marque la création artistique européenne, en particulier théâtrale, du tournant du xixe siècle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Un phénomène dont les exemples français les plus connus – La guerre de Troie n'aura pas lieu (1935) et Électre (1937) de Jean Giraudoux, Orphée (1926), Antigone (1928) et La Machine infernale (1934) de Jean Cocteau, Les Mouches de Jean-Paul Sartre (1943)... – ne donnent qu'un faible aperçu. C'est évidemment le propre du mythe de se prêter, par son caractère à la fois primordial et universel, à toutes sortes d'adaptations et de réinterprétations. Mais s’il n'est guère d'époque qui ait totalement ignoré les dieux et les héros de l'Antiquité gréco-romaine, ceux-ci ont été en partie délaissés par le romantisme au profit de figures plus historiques Ils font un retour en force, suscitant de nombreuses mises en scène ainsi que plusieurs réécritures des œuvres d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide.
On a pu voir dans cette réappropriation des grands questionnements tragiques par un « théâtre de crise » à la fois l'expression d'une angoisse collective face à l'exacerbation des tensions politiques et à l'inéluctabilité d'un deuxième conflit mondial, et un appel au substrat culturel européen en réaction à l'emballement nationaliste puisant, lui, largement dans le fonds des légendes et mythologies médiévales propres à chaque pays. Par ailleurs, dans ce contexte d'une littérature fortement idéologisée, la tragédie et le mythe se prêtaient particulièrement au symbole et à la parabole, modes d'expression privilégiés d'un théâtre d'idées – sinon à thèse – visant moins à représenter une intrigue et une action dramatique originales qu'à livrer, sur une trame connue de tous et à travers des personnages archétypaux, une réflexion politique et/ou philosophique sur le sens de la vie... ou son absence.
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Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
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...suis très content. » Ses principales étapes sont donc : Léocadia (1939), avec Pierre Fresnay et Yvonne Printemps, et une musique de Francis Poulenc ; Antigone (1944), dans une mise en scène d'André Barsacq ; L'Invitation au château (1947), avec Michel Bouquet ; L'Alouette (1952),... -
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