ANTIGONOS MONOPHTALMOS (env. 382-301 av. J.-C.)
Monarque hellénistique, né en Macédoine d'une famille princière, Antigonos Monophthalmos (Antigone le Cyclope, ou le Borgne) participe aux campagnes de Philippe II. Au début de la conquête d'Alexandre, il est nommé satrape de Phrygie (~ 333). Au partage de Babylone (~ 323), on y ajoute la Lycie. Mais il entre en conflit avec le régent Perdiccas pour s'être dispensé d'aider Eumène de Cardia à se rendre maître de sa satrapie. Il se réfugie en Macédoine et coalise les diadoques contre son adversaire qui est assassiné au cours d'une expédition dirigée contre Ptolémée (~ 321). Antigonos est chargé, lors du partage de Triparadisos, de la guerre contre Eumène, qui avait pris le parti de Perdiccas, et reçoit des pouvoirs très étendus sur l'Asie. Sans détourner son attention des troubles que provoque à l'ouest la mort du nouveau régent Antipatros (~ 319), il pourchasse Eumène à travers toute l'Asie et finit par avoir raison de lui en ~ 316.
Il se conduit alors en maître, s'approprie les trésors royaux, destitue les satrapes. Une de ses victimes, Séleucos, l'accuse auprès des autres diadoques de viser à la domination universelle (ce qui paraît probable, bien qu'on l'ait nié) et forme contre lui une coalition qui le somme de restituer de vastes territoires et de partager les trésors. En réponse, une assemblée militaire à Tyr condamne Kassandros, nomme Antigonos régent et proclame la liberté des cités grecques (~ 315). Ce principe, auquel Antigonos affectera de rester constamment fidèle, n'était qu'une machine de guerre contre ses ennemis, mais il aura un vaste et durable retentissement.
Dans la longue lutte qui commence, le but d'Antigonos est la Macédoine, dont la possession légitimerait ses prétentions. L'ennemi principal est donc Kassandros, qui en est le roi. Tous les autres adversaires ne sont que des obstacles accessoires. De ~ 315 à ~ 311, Antigonos agit vigoureusement dans la mer Égée et en Grèce. Mais la défaite de son fils Démétrios à Gaza (~ 312) l'oblige à une paix de compromis (~ 311) ; car, à la faveur de l'événement, Séleucos a regagné sa satrapie de Babylone. Antigonos veut avoir les mains libres pour l'en chasser. Il n'y parvient pas et doit, au contraire, abandonner à son rival les satrapies orientales dont il s'était rendu maître (env. ~ 308).
La lutte qui reprend en Occident oppose d'abord Antigonos à Ptolémée, qui perd Chypre (~ 306). À cette occasion, il se proclame roi, dévoilant ainsi ses prétentions. Ses adversaires ne tarderont pas à l'imiter. Mais il échoue contre l'Égypte (~ 305) et Démétrios, malgré un siège célèbre, ne peut prendre Rhodes, alliée de Ptolémée (~ 304). Malgré ces échecs, les Antigonides reprennent l'offensive en Grèce même (~ 302). La coalition générale se renoue alors contre eux et porte la guerre en Asie Mineure. La rencontre décisive a lieu à Ipsos : Antigonos y est vaincu et tué (~ 301).
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Écrit par
- Jean DELORME : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
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