ANTILLES FRANÇAISES
Situées dans la mer des Caraïbes – dans l’est de l’arc caraïbe –, les Antilles françaises comprennent quatre collectivités : la Guadeloupe , la Martinique, Saint-Barthélemy et Saint-Martin. L’ensemble couvre une superficie de 2 832 kilomètres carrés et représente une population de 800 000 habitants environ (estimation de 2018). L’histoire moderne de ces territoires insulaires tropicaux, situés , à plus de 6 700 kilomètres de la métropole, est intimement liée à celle de la France mais chaque collectivité possède sa propre personnalité.
Au moment de la découverte de l’archipel caraïbe par les Européens au xve siècle, ces îles étaient occupées par les peuples Arawak et Karib. Les cultures amérindiennes qui s’étaient succédé pendant quatre millénaires sont attestées par des vestiges archéologiques importants (roches gravées, poteries…), ainsi que par la survivance de certains mots et expressions liés aux modes de vie locaux (boucan, canot…) et de nombreux toponymes.
Les Espagnols, repoussés par les Karib, ne purent pas s’implanter dans ces îles . Ils laissèrent donc le champ ouvert à la colonisation française qui, patronnée par le pouvoir royal et des compagnies de commerce, débute en 1635. Elle se poursuivit avec l’établissement d’un système de plantations esclavagistes dédiées aux productions tropicales (sucre et café) jusqu’en 1848, date de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Après l’extinction des populations amérindiennes, le peuplement des Antilles s’est fait essentiellement par des apports européens et africains, ces derniers l’emportant nettement à partir du xviiie siècle. La société coloniale s’est forgé une nouvelle langue, le créole antillais, qui dérive du français et des syntaxes africaines (tout comme les créoles voisins de la Dominique, de Sainte-Lucie et aussi d’Haïti). Au cours des xixe et xxe siècles, des migrants originaires de l’Inde et des îles des Caraïbes, d’Haïti en particulier, se sont installés dans les Antilles françaises.
Sous la IIIe République, les Antillais accédèrent progressivement à la citoyenneté française, en participant aux consultations nationales et locales. Ils contribuèrent également largement à l’effort patriotique durant les deux guerres mondiales.
En 1946, les Antilles cessent d’être des colonies pour devenir des départements français à part entière. Un processus de rattrapage économique et social est alors enclenché. Le niveau d’équipement actuel et le développement culturel de ces territoires les placent nettement au-dessus des autres îles de la Caraïbe et des pays voisins comme le Venezuela ou le Brésil. Cependant demeure un décalage du PIB par habitant par rapport à la moyenne des départements métropolitains (inférieur d’environ 30 p. 100), en dépit des nombreuses aides apportées par l’État et l’Union européenne et des traitements avec surrémunérations versés dans la fonction publique.
Le secteur des services – dont le tourisme est considéré comme l’axe majeur – représente environ 85 p. 100 de la valeur ajoutée. La part de la production agroalimentaire (bananes, sucre de canne et rhum) est désormais modeste. Les échanges extérieurs sont tournés essentiellement vers la France avec un déficit structurel important de la balance commerciale. Le marché du travail, qui a connu un certain redressement à partir de 2010, fléchit ensuite en raison des ouragans dévastateurs de 2017 et surtout de la crise sanitaire de 2020. Les taux de chômage évoluent entre 15 et 25 p. 100 selon les territoires et les conjonctures.
Le coût de la vie est généralement sensiblement plus élevé aux Antilles qu’en métropole, surtout pour les produits alimentaires. Pour toutes ces raisons, les taux de pauvreté sont très marqués dans ces territoires et concernent en priorité les personnes sans emploi,[...]
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Écrit par
- Christian GIRAULT : géographe, directeur de recherche émérite au CNRS
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