ANTIMOINE
L'antimoine est l'élément chimique métallique de symbole Sb (du latin stibium), de numéro atomique 51. C'est un solide brillant de couleur argentée. Il est assez rare : les deux tiers des éléments naturels sont plus abondants que lui dans la croûte terrestre. Toutefois, il se rencontre, en certains endroits, sous forme de minerais riches, souvent associés à ceux de plomb, de cuivre et d'argent. De ce fait, il est plus accessible que d'autres éléments, globalement plus abondants, mais plus disséminés. Il existe à l'état natif, pur ou mêlé à de l'arsenic avec lequel il constitue des cristaux mixtes ; on trouve aussi les oxydes Sb2O3 et Sb2O4 ; cependant, le minerai le plus important est un sulfure, la stibine Sb2S3.
Les principaux pays producteurs du minerai sont la Chine, où se trouvent les plus grosses réserves mondiales, l'Afrique du Sud, l'ex-U.R.S.S., la Bolivie, le Mexique et l'ex-Yougoslavie.
Le métal n'est plus utilisé à l'état pur, mais ses alliages sont relativement importants. On l'ajoute au plomb pour améliorer sa dureté dans les batteries d'accumulateurs ou les caractères d'imprimerie et aux alliages antifriction à base de plomb, d'étain et de cadmium. Quelques composés de l'antimoine sont utilisés dans des peintures, dans la fabrication de matériaux ignifuges et de munitions, ainsi que dans l'industrie pharmaceutique.
Historique
Un vase chaldéen en antimoine pur datant d'environ quatre mille ans avant notre ère a été retrouvé.
Les Égyptiens des Ve et VIe dynasties se servaient de récipients en cuivre recouvert d'antimoine pour le transport de l'eau.
La Bible mentionne le sulfure d'antimoine : Jézabel se fardait les yeux avec de la stibine. Cette pratique était répandue parmi les Égyptiens pour des raisons à la fois d'esthétique et d'hygiène ; Grecs, Romains et Chinois connaissaient également ses vertus curatives. Au xve siècle, un personnage mystérieux, le moine Basile Valentin, décrit dans un pamphlet célèbre, Triumphwagen des Antimonii (Le Char triomphal de l'antimoine), les propriétés de la plupart des composés usuels à côté de la préparation du métal et de ses alliages. Partant de la capacité qu'a l'antimoine de libérer l'or de ses impuretés, il lui attribuait les mêmes effets sur l'organisme humain.
L'utilisation des composés antimoniés en thérapeutique interne fut fréquente à la fin du xvie siècle. Des abus entraînèrent de nombreux accidents mortels et furent à l'origine d'une querelle entre les facultés de Montpellier et de Paris. Cette dernière en fit même interdire l'emploi. Cependant, les dérivés organiques de l'antimoine sont encore utilisés de nos jours dans la lutte contre divers parasites internes. À cette vulgarisation des composés antimoniés se rattache un vocabulaire désuet et curieux qui a parfois subsisté jusqu'à nos jours : le kermès minéral est l'oxysulfure naturel et l'émétique (ou tartre stibié) est un dérivé tartrique d'antimoine et de potassium. Le trioxyde, l'oxychlorure, le pentasulfure et le trichlorure étaient appelés respectivement fleurs argentines d'antimoine, poudre d'algaroth, soufre doré et beurre d'antimoine.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean PERROTEY : docteur ès sciences, maître assistant à l'université de Haute-Normandie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ARSENIC
- Écrit par Jean PERROTEY
- 4 498 mots
- 2 médias
-
CHINE - Les régions chinoises
- Écrit par Pierre TROLLIET
- 11 778 mots
- 3 médias
-
PHARMACOLOGIE
- Écrit par Edith ALBENGRES , Jérôme BARRE , Pierre BECHTEL , Jean-Cyr GAIGNAULT , Georges HOUIN , Henri SCHMITT et Jean-Paul TILLEMENT
- 20 323 mots
- 9 médias
...engraisser les porcs. Il eut l'idée de le prescrire aux moines amaigris par les jeûnes prolongés. Comme tous les moines moururent, le stibium fut appelé « antimoine » et banni de la thérapeutique. Ce n'est qu'au xviie siècle, à la suite de la guérison grâce à l'antimoine de Louis XIV... -
PLOMB
- Écrit par Claude FOUASSIER , Michel PÉREYRE , Michel RABINOVITCH et Jean-Louis VIGNES
- 6 736 mots
- 3 médias
On peut remédier au manque de dureté du plomb en ajoutant de l'antimoine en proportion de 10 à 20 p. 100, par exemple, dans les caractères d'imprimerie, de 2 p. 100 dans les plaques positives des accumulateurs, de 5 à 8 p. 100 dans les moulages de balles de fusil.