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ANTINOÉ

Masque-plastron funéraire de femme - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Masque-plastron funéraire de femme

La ville d'Antinoé fut fondée par Hadrien en 132. Elle devint, à l'époque chrétienne, le siège d'un évêché dépendant de Thèbes, puis fut élevée au rang de métropole de la Thébaïde à partir de Dioclétien.

Les ruines s'étendent sur la rive orientale du Nil en face de Rôda, à 290 kilomètres du Caire. La ville romaine est située dans la plaine derrière le village de Cheykh Abadeh. Sur les premiers contreforts de la montagne, au nord-ouest et au nord de la ville, subsistent les murs en briques crues de deux anciennes églises et de cellules. D'antiques carrières ainsi que des grottes avaient été utilisées pour y loger trois églises et des cellules, dont certaines consistent en grandes salles soutenues par des piliers.

Une ville nouvelle avait été édifiée par les chrétiens à environ 400 mètres au sud-est de Cheykh Abadeh. De la ville ruinée, entourée d'une enceinte, il ne reste que les traces d'une église et de nombreux tombeaux.

Au sud-est, on rencontre le village de Deir Abou Hennis qui porte le nom d'un ancien monastère : le monastère du Père Jean. L'église, encore utilisée, comporte un narthex, une nef à bas-côtés séparés par deux rangs de quatre colonnes et une abside centrale rentrante accostée de deux pièces rectangulaires.

Dans la montagne qui domine Deir Abou Hennis, des carrières antiques ont été également occupées par les chrétiens. Trois salles, dont les parois furent simplement blanchies à la chaux, ont permis l'installation d'une église, dont la fondation était attribuée à l'impératrice Hélène. Certaines parties ont reçu une décoration peinte, malheureusement en très mauvais état de conservation, ce qui rend difficile tout essai de datation. Toutes les scènes ne sont pas reconnaissables, mais paraissent être tirées, pour la plupart, des évangiles ou des apocryphes. Celles qui sont encore lisibles se déroulent sur un seul registre entre deux frises florales. On peut y reconnaître : le Massacre des Innocents, des saints personnages debout, un buste nimbé, les Noces de Cana, la Résurrection de Lazare et des scènes de la vie de Zacharie.

Entre la montagne et la ville, des cimetières rassemblent des tombes gréco-égyptiennes et byzantines. Leur utilisation paraît s'être étendue de la seconde moitié du iie siècle à l'époque de Justinien. Les caveaux sont directement creusés dans le sable et recouverts d'un simple berceau de briques crues ; parfois, on rencontre des sépulcres maçonnés faits de dalles jointoyées. D'après l'important matériel archéologique mis au jour et le mode d'ensevelissement, les défunts semblent appartenir aux couches inférieures et moyennes de la société. Les corps sont enveloppés dans des linceuls multiples, la tête reposant souvent sur un coussin. Ces étoffes d'Antinoé, tissées en lin et laine de décorations variées, offrent des spécimens irremplaçables pour l'étude des textiles anciens.

C'est dans la montagne que les hauts dignitaires, imitant les Égyptiens de l'époque pharaonique, se sont fait creuser des hypogées précédés d'une chapelle en briques cuites ornée de stucs et de fresques. Au fond de cette chapelle, une porte donne accès à l'appartement funéraire formé d'un vestibule et du caveau. Les tombes « de la Dame byzantine » et « du Chevalier byzantin », découvertes par A. Gayet en 1901-1902, donnent une bonne idée de la disposition de ces différents éléments et de la richesse des objets (tissus, ivoires, bois sculptés, céramiques, etc.) : « Le corps, vêtu de jambières et d'une tunique de toile, chaussé de bottes montantes, et ceinturé de nombreuses écharpes, est un spécimen complet du costume porté par les chevaliers byzantins du ve siècle de notre ère. »

— Marie-Hélène RUTSCHOWSCAYA

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Masque-plastron funéraire de femme - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

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