ANTIOCHE
Antioche chrétienne
Antioche fut évangélisée d'abord par des chrétiens de Jérusalem dispersés par la persécution qui suivit la mort d'Étienne (Actes des Apôtres, xi, 19-20). Paul et Barnabé y séjournèrent toute une année (env. 43). C'est à Antioche que les disciples reçurent pour la première fois le nom de chrétiens (Actes, xi, 26), vraisemblablement un sobriquet dont les affublèrent les païens. Antioche est le point d'attache de Paul et le centre de ses missions ; il y revient à chacun de ses voyages (Actes, xii, 25 ; xiii, 1-3 ; xiv, 26-27 ; xv, 25). Antioche devint ainsi le centre du christianisme helléniste (par opposition à Jérusalem, qui reste le centre des chrétiens d'origine juive) et le foyer de l'expansion du christianisme en Orient, aussi bien vers la Cilicie ou l'Asie que vers la Syrie et la Mésopotamie. Si rien ne permet d'assurer que l'« autre lieu » où se rend Pierre après sa délivrance miraculeuse (Actes, xii, 17) soit Antioche, Pierre y est certainement vers 48-49 (Gal., ii, 2-11 : l'incident d'Antioche). Une ancienne tradition, dont la liturgie avait conservé le souvenir, fait de lui le premier évêque d'Antioche (Eusèbe, Histoire ecclésiastique, III, xxxvi, 2).
Parmi les évêques d'Antioche dans les premiers siècles, on retiendra les noms de saint Ignace, martyr à Rome vers 107 (Lettres), de saint Théophile, auteur vers 180 d'une apologie A Autolycus, de Paul de Samosate et d'Eustathe, qui prit part au concile de Nicée (325) et fut un nicéen convaincu. Le sixième canon du concile de Nicée confirme la préséance et les privilèges de l'évêque d'Antioche, après ceux de Rome et d'Alexandrie. Les remous de la crise arienne troublèrent longtemps l'Église d'Antioche. Plusieurs synodes se tinrent à Antioche : en 341, le synode dit « des Encænies » (dédicace de la basilique) rédigea un symbole qui passait sous silence le terme de consubstantiel (̀ομοόυσιος), défini à Nicée. Après 361, Antioche eut en même temps trois évêques, un arien et deux catholiques : Mélèce, que soutenait l'Orient (saint Basile), et Paulin, reconnu par Rome (le pape Damase) et Alexandrie. Le « schisme d'Antioche » dura jusqu'en 415. Lors de la crise nestorienne, l'évêque Jean d'Antioche prit à Éphèse le parti de Nestorius (431), mais en 433 il se désolidarisa de lui en même temps qu'il se ralliait à Cyrille d'Alexandrie. Au vie siècle, Antioche connut des patriarches monophysites (Pierre le Foulon, Sévère), et la majeure partie de la population adhéra au monophysisme (jacobites), sans doute par opposition à la politique du basileus de Constantinople. Actuellement Antioche est le siège d'un patriarche grec-uni (en résidence à Alep), d'un patriarche syrien jacobite, d'un patriarche syrien-uni et d'un patriarche maronite.
Les nombreuses églises connues par les textes anciens ont disparu sans laisser de traces, ou gisent encore sous terre. On a identifié au-delà de l'Oronte les ruines de deux basiliques. Le calice d'Antioche, en argent ciselé, découvert en 1910, date vraisemblablement du ve ou du vie siècle. On y voit sur les rameaux d'une vigne les figures assises du Christ et des apôtres.
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Écrit par
- Pierre Thomas CAMELOT : professeur et ancien recteur des Facultés dominicaines du Saulchoir
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