ANTIQUITÉ Le droit antique
Le droit hébraïque
Notre connaissance du droit hébraïque repose, sauf pour les derniers siècles avant l'ère chrétienne, presque uniquement sur la Bible. Le caractère composite de l'œuvre, l'incertitude qui subsiste sur la date des textes qui nous la font connaître rendent son utilisation délicate pour l'historien du droit. Il s'agit cependant d'une source de haute importance où les documents législatifs tiennent une place considérable (Décalogue transmis par l'Exode, xx, 2-17, et le Deutéronome, v, 6-21 ; « Code de l'Alliance », Ex., xx, 22 à xxiii, 33 ; « Seconde loi », Deut., xiii-xxvi ; Lév.).
Structure sociale
Le livre de la Genèse décrit une société patriarcale qui pratique la polygamie. Le passage de cette société à celle de l'époque de la royauté, à partir de la fin du xie siècle, est mal connu. Mais notre information est meilleure et plus sûre pour cette période de royauté. La société est alors composée en majorité d'hommes libres, fonctionnaires, scribes, artisans, propriétaires fonciers. Une partie de la population vit dans des villes, nombreuses mais petites (à l'exception de Jérusalem et de Samarie), mais l'élément rural est important. Le commerce, actif dans un pays de passage entre les côtes méditerranéennes et l'Arabie, la Babylonie ou la Perse, est pour partie monopole royal, lorsqu'il s'agit du grand commerce lointain, pour partie laissé aux étrangers – qui sont nombreux – lorsqu'il s'agit du commerce local. Sages et rabbins se montrent peu favorables à cette activité économique.
Les esclaves sont relativement peu nombreux. La plupart sont des étrangers, prisonniers de guerre ou acquis sur des marchés. L'Israélite peut être réduit en servitude soit à la suite de certaines infractions, soit parce qu'il s'agit d'un débiteur insolvable. Cette servitude est temporaire. Elle ne peut dépasser six années (Ex., xxi, 2-6 ; Deut., xv, 1-18). Après l'Exil, le Lévitique (xxv, 39-46) cherchera encore à atténuer la rigueur du sort fait au débiteur insolvable. D'une façon générale, d'ailleurs, la situation de l'esclave est moins mauvaise qu'elle ne le sera en Grèce ou à Rome. À la différence de l'esclave babylonien, l'esclave juif n'est pas marqué. Le maître qui fait périr son esclave sous les châtiments est puni. L'union servile est reconnue.
Le clergé tient une grande place dans une société profondément marquée par les préoccupations religieuses. Les prêtres, pris dans la tribu de Lévi, forment une classe de fonctionnaires cultuels hiérarchisés et de scribes, sous l'autorité du grand prêtre, qui ne se confond pas avec la personne du roi. Ils jouissent de privilèges comme l'exemption d'impôts, l'attribution d'une part du croît des animaux et du produit des récoltes. Les textes bibliques formulant ces privilèges seront invoqués au Moyen Âge pour justifier le statut privilégié du clergé chrétien. Dans certaines circonstances, et surtout dans le royaume de Juda, le clergé joua parfois un rôle politique important. En effet, le grand prêtre oint et couronne le roi. Parfois il le dépose (II Rois, xi) et, dans la lutte contre les pratiques idolâtres, il se heurte souvent à la royauté.
La famille
La polygamie, normale à l'époque des patriarches, persiste à l'époque monarchique. Des tendances monogames se feront jour progressivement et l'emporteront, sans entraîner cependant une condamnation formelle de la polygamie. Il ne faut d'ailleurs pas confondre la pluralité d'épouses légitimes et égales en droit, les concubines (souvent prises parmi les esclaves et dont les enfants, dans ce cas, ne succèdent pas) et le cas où, en l'absence d'enfant né de l'épouse légitime, celle-ci donne à son mari une esclave qui lui assurera une descendance. Les enfants[...]
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Écrit par
- Jean GAUDEMET : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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Média
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