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ANTIQUITÉ Le droit antique

Le droit en Grèce

L'histoire de la Grèce antique s'échelonne sur deux millénaires. Son droit a sans doute beaucoup varié au cours de cette longue période et il ne s'est dégagé que progressivement de préceptes magico-religieux. Faute de documents suffisants, l'histoire du droit grec est impossible à retracer avec certitude et continuité. On ne peut évoquer ici les quelques informations dont on dispose pour l'époque ancienne et les controverses dont elles ont fait l'objet. Les poèmes homériques décrivent une société où le souci de justice (thémis) tient une grande place et où déjà apparaissent des règles juridiques et des tribunaux chargés de les faire respecter. Mais on ne saurait entrer dans une étude où la chronologie est incertaine et où la part du réel et de l'imagination dans les textes poétiques est difficile à déceler. C'est pourquoi on se limitera au droit de l'époque classique, c'est-à-dire celui des ve et ive siècles avant J.-C.

Unité ou pluralité de droit

L'unité fondamentale du monde grec ne saurait être mise en question. Malgré des nuances parfois profondes, langue, religion, culture témoignent de cette unité. Mais la vie politique de la Grèce classique est caractérisée par un régime de petites cités indépendantes souvent rivales les unes des autres, maîtresses de leur régime politique, de leur législation, de leurs tribunaux. Le droit relève-t-il de l'unité du monde grec ou de la pluralité des cités et des peuples ? Si nous connaissions bien le droit pratiqué dans les diverses régions de la Grèce, la réponse serait facile et sûre. Malheureusement, ce n'est guère que pour Athènes que nous disposons d'informations suffisantes et la question reste ouverte de savoir ce qui, dans ce droit, répond à un fond juridique commun ou au contraire reste original. L'opinion la plus répandue admet une certaine communauté juridique de la Grèce.

Structures sociales

Différence fondamentale avec les sociétés orientales envisagées plus haut, la société athénienne classique est essentiellement composée de citoyens, c'est-à-dire d'hommes libres qui, au lieu d'obéir en sujets aux ordres d'un souverain, participent à la vie politique et décident eux-mêmes de leur régime politique, de leurs relations extérieures, de leur législation. Tous les hommes libres athéniens, à l'exception des étrangers, même résidents (« les métèques »), ont accès à l'Assemblée (ecclesia). Les magistratures et l'accès au conseil (boulè) ne sont limités que par des considérations de fortune, ou encore par le jeu du tirage au sort dans le cas du conseil et de certaines magistratures. À Athènes, ce régime démocratique a été poussé plus loin que dans aucune autre cité grecque. Il s'accompagne d'un régime d'égalité (isonomia) qui veut que tous soient soumis à la loi, faite par la communauté de citoyens, et que cette loi soit la même pour tous.

En face des citoyens libres et des étrangers établis à Athènes, la population servile est peu nombreuse, beaucoup moins qu'elle ne le sera à Rome depuis la fin de la République. L'esclave est normalement fourni par la guerre ou l'achat. C'est donc le plus souvent un étranger, exceptionnellement un Grec : la servitude pour dettes fut abolie par Solon, au début du vie siècle avant J.-C. Juridiquement, l'esclave n'est pas assimilé à une chose ; c'est une personne ; ainsi il peut acheter sa libération. Les abus d'autorité du maître, ses mauvais traitements sont réprimés. Mais si l'affranchissement est possible, il semble avoir été moins fréquent qu'à Rome et cela s'explique par le moindre nombre d'esclaves dont disposait chaque maître.

La famille

La famille athénienne classique est monogame. L'autorité du mari, théoriquement[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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