BOURDELLE ANTOINE (1861-1929)
Sculpteur français. La spécificité de l'art de Bourdelle, artiste original et indépendant, est difficile à apprécier dans une époque que caractérisent simultanément la grande influence exercée par Rodin et la puissante réaction non figurative, cubiste et abstraite, qui rejette celle-ci.
Né à Montauban, tôt établi à Paris, Bourdelle ne semble pas avoir été marqué par son apprentissage à l'École des beaux-arts. L'événement décisif de sa formation artistique fut sa rencontre avec Rodin. Il fit partie de son atelier pendant des années, exécutant en marbre et en pierre des œuvres importantes du maître, attentif à ce qu'on ne les confondît pas avec les travaux commerciaux de praticiens serviles. Il resta spirituellement proche de Rodin, fut un de ses confidents et un correspondant attentif, mais il se dégagea plus tôt qu'on ne le dit, dès 1900, de l'emprise du maître.
L'art de Bourdelle, inégal, souvent déconcertant, s'appuie sur une conception traditionnelle de la sculpture qui fut partagée par tous au xixe siècle. Cet art se limite à l'étude exclusive de la figure humaine : à travers elle, l'artiste exprime sentiments et passions. La découverte de l'objet et, avec lui, la réflexion sur les façons dont il s'intègre dans l'espace ou le définit sont accessoires dans son art.
Bourdelle reste attaché à des thèmes chers à Rodin et à Maillol. Il a la passion des mythes, des rites et des croyances de l'Antiquité méditerranéenne, qu'ils viennent de la Grèce ou qu'ils se rattachent au christianisme. Il les interprète sur un mode lyrique, trouvant des rythmes visuels aux effets archaïques : Héraklès archer, Vierge à l'Enfant (musée d'Orsay). Portraitiste de talent (Léon Cladel, Beethoven, musée Bourdelle), dessinateur attachant, il ne craint pas de donner quelquefois à ses œuvres une expression boursouflée, mais il infléchit le style de Rodin par des effets burinés qui crevassent les formes ou incisent des signes graphiques sur les surfaces. Par contre, dans ses œuvres destinées à décorer des monuments, comme les célèbres bas-reliefs du théâtre des Champs-Élysées à Paris (1912), il compose avec l'architecture. Bourdelle conçoit alors des figures en méplats simplifiés, étirant leurs proportions. Une gestuelle ordonnée rappelle les effets monumentaux de la statuaire romane et évoque les simplifications formelles du sculpteur allemand Ernst Barlach. Attentif aux rythmes que dessinent les contours, Bourdelle crée une sculpture décorative dont les larges effets de plans font penser aux arrangements formels du style Arts déco.
Ses textes sur l'art ont été réunis en 1955 dans Écrits sur l'Art et sur la Vie. L'atelier parisien de Bourdelle a été transformé en un musée où sont présentés ses modèles. En 1988, une extension du musée a été réalisée par l'architecte Christian de Portzamparc.
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Écrit par
- Jacques de CASO : professeur émérite à l'université de Californie, Berkeley (États-Unis)
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