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CHINTREUIL ANTOINE (1814-1873)

Né à Pont-de-Vaux dans l'Ain, Antoine Chintreuil se forme à Paris à partir de 1838. Il est curieux que ce paysagiste n'ait pas été attiré par les peintres paysagistes de l'école de Lyon (Appian, Carrand, Ravier, Vernay), ville toute voisine de Pont-de-Vaux. Il choisit plutôt de s'installer à Paris, et la réputation de Corot n'y est peut-être pas étrangère. Ce dernier, qu'il rencontre en 1843, est son véritable maître. Sa production est abondante : le catalogue La Fizelière (A. de La Fizelière, Chamfleury et F. Henriet, La Vie et l'œuvre de Chintreuil, 1874) comporte 461 tableaux ; il a été mis à jour par F. Baudson à l'occasion de l'exposition commémorative qui a eu lieu à Pont-de-Vaux et à Bourg-en-Bresse en 1973 (Antoine Chintreuil. Le livre du centenaire, 1873-1973).

La vie du peintre, jusqu'à sa mort à La Tournelle-Septeuil, est principalement celle d'un travailleur acharné mais également rêveur et romanesque, qui partage son temps entre la capitale et ses environs, qui envoie chaque année quelques-uns de ses paysages au Salon. On retiendra quelques dates : 1843, premier envoi au Salon (refusé) ; 1844, connaissance de Corot, dont il reçut les conseils et dont il se déclare l'élève ; 1846, Chintreuil commence à peindre d'après nature ; 1847, il expose pour la première fois ; 1850-1855, Chintreuil habite Igny ; c'est une période féconde pour laquelle on a recensé 138 tableaux ; le séjour est interrompu par une pleurésie qu'il contracte sur les bords de la Bièvre ; 1857, Chintreuil s'installe à La Tournelle-Septeuil, au sud de Mantes ; il y séjournera régulièrement jusqu'en 1873 ; 1859, rencontre avec Pissarro ; 1863, il préside le Salon des refusés, dans lequel figurent trois de ses paysages.

« Si j'avais seulement 150 francs, de quoi vivre deux mois en pleine campagne ! Dans une excursion de quelques heures, hors barrière, on ne peut voir que des commencements ou des fins d'effets. Il faudrait vivre dans la nature », déclare Chintreuil au début de son installation à Paris, alors qu'il est sans le sou et qu'il mène une vie de misère et de privations. Il vit effectivement dans la nature, dans la campagne de l'Île-de-France, à partir de 1846, à l'image de ses camarades, de ses contemporains Lavielle, Hervier, Cals, Daubigny, Harpignies, de son maître Corot, cherchant à découvrir toutes les nuances de la lumière dans les levers et les couchers de soleil, voulant peindre la nature sans artifices, dans sa simple et réelle beauté. Par ces buts, par les œuvres réalisées, la production de ce disciple de Corot embellit magnifiquement la peinture française de paysage du xixe siècle.

On discerne dans la production de Chintreuil deux grandes époques, des débuts à Paris (1838) jusqu'à la fin du séjour à Igny (1857), et de 1857 à sa mort (séjours à La Tournelle-Septeuil).

Il est un monde, en effet, entre les tableaux du début (Bruine, Val d'Enfer, 1851, musée Chintreuil, Pont-de-Vaux ; Vaches au pré, La Prairie à Igny, musée d'Orsay, Paris) qui possèdent la solidité plastique des Corot de jeunesse, qui offrent des recherches patientes de modelé et de coloris, avec des verts tendres et des veloutés, et les paysages de la fin, de tonalités fraîches, plus romantiques et proches de Huet (L'Espace, musée d'Orsay, « d'une ampleur bien machinée », Focillon). Son talent discret fut longtemps méconnu ; pourtant Zola le jugeait « considérable ». À propos de L'Espace, il écrit : « On sent là un peintre qui s'évertue à surpasser les chefs de l'école naturaliste de paysage et qui, tout en demeurant un copiste fidèle de la nature, a tenté de la surprendre dans un de ses moments spéciaux et difficiles à transcrire. »

Il faut esquisser les relations de ces préimpressionnistes,[...]

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