BECQUEREL ANTOINE HENRI (1852-1908)
Né le 15 décembre 1852 à Paris, Henri Becquerel était le fils d'Alexandre Edmond et le petit-fils d'Antoine César Becquerel, tous deux physiciens ayant développé l'étude de la phosphorescence au laboratoire de physique du Muséum d'histoire naturelle. Il partageait son temps entre l'enseignement à l'École polytechnique et quelques travaux de recherche sans grand relief. Comme son fils Jean, lui aussi physicien, s'en fit l'écho plus tard : Becquerel « disait que les travaux qui depuis une soixantaine d'années s'étaient succédé dans ce même laboratoire formaient une chaîne qui devait fatalement, quand l'heure serait propice, aboutir à la radioactivité ». Ce moment arriva lorsque, au début de 1896, Henri Poincaré présenta avec enthousiasme à l'Académie des sciences l'extraordinaire découverte des rayons X faite par le physicien allemand Wilhelm Conrad Röntgen.
Becquerel décida d'étudier la relation entre la luminescence de certains matériaux et l'émission de ces mystérieux rayons X. Il exposa donc au soleil de nombreux échantillons phosphorescents et observa s'ils émettaient ensuite des rayons X. La réponse fut négative jusqu'à ce qu'il tente l'expérience sur un solide composé d'uranium, de soufre et de potassium. Le 24 février 1896, il annonçait à l'Académie que la phosphorescence s'accompagnait parfois d'émission de rayons X. Le 26 février, alors qu'il commençait une nouvelle expérience, le temps devint nuageux, ce qui empêchait que l'échantillon préparé soit exposé aux rayons ultraviolets solaires, causes de sa phosphorescence. Il rangea donc le solide à l'abri de toute lumière et sur la plaque photographique, en attente ; par un hasard mêlé d'heureuse curiosité scientifique, il développa tout de même, le 1er mars, la plaque non exposée et y découvrit l'empreinte de rayons émis spontanément par le minerai : l'uranium émettait de façon inexplicable ce qui semblait alors être des rayons X. Becquerel présenta rapidement sa découverte en s'étonnant surtout de l'apparente absence de « cause excitatrice ». Sans atteindre le succès médiatique des rayons X, la découverte des « rayons de Becquerel » fit immédiatement le tour des laboratoires européens, qui se mirent tous à étudier cet extraordinaire phénomène. Becquerel lui-même continua ses travaux avec différents composés d'uranium et montra que les invisibles rayons pouvaient décharger un électroscope. L'année suivante et à quelques centaines de mètres du laboratoire de Becquerel, Marie Curie commençait son travail de thèse sur l'étude des rayons uraniques.
Quelques années plus tard, Ernest Rutherford, dans le laboratoire Cavendish de l'université de Cambridge, déterminait que Becquerel avait en fait observé l'émission par l'uranium des rayons α (noyaux d'hélium) et des rayons β (électrons émis lors de la transmutation d'un neutron en proton). Henri Becquerel est mort le 25 août 1908 au Croisic.
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Écrit par
- Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau
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