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PERNETY ANTOINE JOSEPH (1716-1801)

Bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, traducteur de Wolf et de Swedenborg, collaborateur de la Gallia christiana, auteur d'un Dictionnaire portatif de peinture, de sculpture et de gravure (1757), Antoine Pernety est un esprit presque universel. La lecture de l'Histoire de la philosophie hermétique (1742) de Langlet-Dufresnoy inaugure sa vocation théosophique. À la suite de Burgravius (Achilles Panophos, 1612), il assure que les poèmes de l'Antiquité et la mythologie elle-même sont des traités allégoriques de science hermétique : il suffirait d'avoir la clef de ces allégories pour découvrir le secret de la chrysopée.

En 1763, le duc de Choiseul envoie Pernety avec Bougainville aux îles Malouines, où il reste une année. En 1765, il quitte son ordre. Pernety se rend alors à Avignon, où il fonde son « rite hermétique », sorte d'académie alchimique. La pierre philosophale qu'il recherche semble d'ailleurs bien moins une « poudre de projection » qu'un « elixir de longue vie ». Deux ans plus tard, il quitte Avignon pour se rendre à Berlin, où Frédéric II le nomme conservateur de la Bibliothèque royale. Surtout, il fait à Berlin la connaissance du staroste polonais Grabianka, qui lui présente l'abbé Louis-Joseph Guyton de Morveau, dit Brumore ; ce dernier lui révèle l'existence d'un personnage mystérieux nommé Élie Artiste. Se fondant sur les théories d'Élie Artiste et sur les révélations de Swedenborg, Pernety constitue définitivement son rite hermétique, qui pratique dorénavant la théurgie et la magie divine, et permet de communiquer avec les esprits angéliques. Mais ces initiés s'adressent aussi à la Sainte Parole, sorte d'hypostase de l'Intelligence suprême, qu'ils interrogent et dont ils reçoivent des réponses. D'illustres personnages s'affilient à la secte : Henri de Prusse, Charles Adolphe de Brühl, le futur Frédéric Guillaume II (enrôlé dans les Rose-Croix d'or également), la reine de Prusse.

Persuadé par la Sainte Parole qu'il est l'un des annonciateurs du millénium imminent, le « pontife » du nouveau peuple dont Grabianka sera le roi, Pernety quitte Berlin en 1783. Brumore, ayant appris par la Sainte Parole que leur nouveau lieu de travail doit être à Avignon, s'y rend pour y constituer la secte avec La Richardière et Bouge. Grabianka s'y établit à son tour en 1785 ; y arrivent après lui Bousie et Morinval. Brumore meurt l'année suivante, mais en 1787 la secte compte déjà une centaine de membres. Pernety, qui l'a rejointe, en établit le siège près d'Avignon, sur une petite montagne, à Bédarrides, dans la demeure du marquis Vernetti de Vaucroze, qui prend l'appellation de Thabor et dans laquelle les illuminés se mettent à pratiquer l'alchimie et les cérémonies cultuelles. Cette société n'a aucun rapport avec la maçonnerie dans son principe, mais ses rituels, par bien des côtés, ressemblent à ceux des maçons mystiques.

Dès lors, les prodiges les plus extraordinaires favorisent la société, au moins à en juger d'après les bruits répandus partout. Charles de Suderman, convaincu de l'intérêt mystique de la secte par le baron de Staël, envoie à Avignon, en 1789, son confident Reuterholm, chambellan de la reine de Suède, ainsi que Silverhielm, capitaine des gardes du corps du roi de Suède, futur ambassadeur à Londres et neveu de Swedenborg. En même temps, le comte de Divonne et la duchesse de Wurtemberg sollicitent l'initiation. Mais Grabianka proteste contre le culte marial instauré par Pernety et constitue un groupe dissident appelé le « Nouvel Israël », dont le chef serait Octavio Capelli, un Romain recevant des communications de l'archange Raphaël. Grabianka initie Reuterholm à son schisme, mais l'arrestation de Capelli par l'Inquisition romaine ruine bientôt son prestige. Quant[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section), professeur à l'université de Bordeaux-III

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