Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VAN DYCK ANTOINE (1599-1641)

La période anglaise (1632-1641)

Entrecoupée de séjours sur le continent, la dernière décennie de la carrière de Van Dyck voit le développement considérable et comme exagéré de son activité de portraitiste au service de la cour et de la grande société anglaise. Succès tel qu'il implique une inévitable puis dangereuse participation de l'atelier et au-delà (quelle famille noble anglaise, quel château britannique n'a pas son « Van Dyck »). Bien sûr, toute une pléiade de suiveurs et de pasticheurs, parfois de beaux talents comme Ceulen, Lely, Hanneman ou Mytens – d'origine nordique d'ailleurs (pour Hanneman, voir par exemple son beau portrait inédit de la famille Ceulen à Bordeaux, attribué longtemps à Van der Helst et très vandyckien d'allure et d'idée) –, vont relayer les efforts apparemment fébriles et inlassables de Van Dyck. L'on citera encore ici les noms de William Wissing, William Dobson, Hoskins, Peter Oliver, Gottfried Kneller, Michael Dahl, Soest, Robert Walker, entre autres.

<it>Lord John et lord Bernard Stuart</it>, A. Van Dyck - crédits :  Bridgeman Images

Lord John et lord Bernard Stuart, A. Van Dyck

<it>Thomas Killigrew et William, lord Crofts</it>, A. Van Dyck - crédits : AKG-images

Thomas Killigrew et William, lord Crofts, A. Van Dyck

Charles I<sup>er</sup>, roi d'Angleterre, à la chasse, A Van Dyck - crédits : Leemage/ Corbis/ Getty Images

Charles Ier, roi d'Angleterre, à la chasse, A Van Dyck

S'il ne faut pas parler de relâchement et d'affaiblissement stylistiques, du moins a-t-il une tendance, pendant la période anglaise, à multiplier les accents de lumière menus et éparpillés, à rendre les étoffes par trop virtuosement brillantes, satinées et délicatement plissées, à plaire et adoucir, que ce soit dans l'expression, la lumière, le modelé ; mais les fonds, plus souvent animés de paysages, témoignent d'un remarquable sentiment de la nature et de l'atmosphère qui eussent fait de Van Dyck un grand paysagiste (voir le Charles Ier du Louvre !) s'il l'avait témoigné dans des exercices purs, moins confidentiels que quelques rares et fraîches aquarelles et d'incisifs croquis à la plume d'un graphisme à longues lignes souplement parallèles qu'il a repris des Vénitiens, Titien et Campagnola notamment. (Beaucoup de ces dessins datent d'un voyage sur la côte anglaise, en 1633-1634, dans la région de Rye dans le Sussex, non loin de Hastings.) Par ailleurs, les commandes royales permettent à Van Dyck de se réaliser dans des toiles d'une ambition monumentale jamais atteinte, comme ses grandes effigies souvent équestres de Charles Ier (National Gallery, Louvre, Windsor), de Moncade (Louvre), de Thomas de Savoie (Turin) qui en font un peintre sérieux autant qu'aimable et gracieux. Il devait en être autant du grand portrait collectif des échevins de Bruxelles sous la protection de la justice, peint en 1634-1635 pour l'Hôtel de Ville mais malheureusement brûlé avec ce dernier en 1695 et dont seule une précieuse esquisse à l'École des beaux-arts de Paris conserve le souvenir.

Ses quelques tableaux religieux ou mythologiques attestent la grâce de son talent, une suprême morbidezza néo-titianesque qui aura tant d'influence sur l'art du xviiie siècle de Watteau à Gainsborough. Les réussites dans ce genre sont l'Amour et Psyché d'Hampton Court d'une sveltesse suave irrésistible (voir aussi le large feuillé et le lointain tenus dans une douce harmonie à la Sustris, bien vénitiens de sentiment et qui ne cherchent pas, bien au contraire, à « trouer » le tableau), le Renaud et Armide du Louvre, les grandes Déposition du Christ d'un noble pathétique, à Munich (1634) et à Anvers, réalisés dans ce format rectangulaire allongé qui convient parfaitement à une telle peinture émouvante.

Dans les portraits, l'abondance est excessive pour citer telle œuvre plutôt que telle autre. Les portraits de la famille royale, ceux de Charles Ier notamment, sont souvent restés dans les collections publiques anglaises (Londres, National Gallery et collections royales dispersées à travers les châteaux de Windsor, d'Hampton Court), mais il en existe encore de bons exemples à Dresde, à l'Ermitage, au Louvre (où toutefois le charmant portrait[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre

Classification

Médias

<it>Samson et Dalila</it>, A. Van Dyck - crédits :  Bridgeman Images

Samson et Dalila, A. Van Dyck

<it>La Déposition de Croix</it>, A. Van Dyck - crédits :  Bridgeman Images

La Déposition de Croix, A. Van Dyck

<it>Portrait d'une noble génoise</it>, A. Van Dyck - crédits :  Bridgeman Images

Portrait d'une noble génoise, A. Van Dyck

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

    • Écrit par et
    • 8 176 mots
    • 12 médias
    ...fut dispersée à la Révolution. Il commanda à Rubens un plafond pour la salle des Banquets de Whitehall, réalisé en 1635, et sut obtenir les services de Van Dyck (1599-1641) qui, comblé de faveurs, s'installa définitivement à Londres en 1632. Il y renouvela magistralement l'art du portrait qui...
  • ANVERS

    • Écrit par , et
    • 8 398 mots
    • 5 médias
    ...collaborent à l'exécution d'un même tableau, chacun dans sa spécialité. Rubens a de nombreux collaborateurs, dont le plus talentueux est sans conteste Antoine Van Dyck. Ce dernier travailla durant sa jeunesse dans l'atelier du maître, où il exécuta de grands tableaux d'après ses esquisses, ou bien prépara...
  • LIGURIE

    • Écrit par et
    • 2 777 mots
    • 3 médias
    ... que pour celles qui appartiennent à ce qu'il est convenu de désigner par second maniérisme. À cette époque-là, un peintre raffiné et recherché comme Antoine van Dyck ne pouvait que jouir d'une grande faveur à Gênes, où il séjourne presque sans interruption entre 1621 et 1627, devenant le portraitiste...
  • MORIN JEAN (1610 env.-1650)

    • Écrit par
    • 522 mots

    Parmi les artistes qui illustrèrent la gravure française au xviie siècle, il en est peu qui soient autant appréciés des amateurs d'estampes que Jean Morin et dont l'existence soit aussi obscure. On ne connaît avec certitude que la date de son décès, à Paris, au mois de juin 1650. On suppose...