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PANNEKOEK ANTON (1873-1960)

Né dans un village de Gueldre en Hollande, Anton Pannekoek poursuit des études de mathématiques et d'astronomie à l'université de Leyde et obtient le titre de docteur en astronomie en 1902. Venu très jeune au marxisme, il adhère en 1901 au jeune Parti ouvrier social-démocrate de Hollande. Marxiste et révolutionnaire convaincu, il combat le réformisme des dirigeants socialistes et, dans son propre parti, est membre de la fraction de gauche qui prône, dans son journal La Tribune (d'où le nom de tribunistes donné à la gauche hollandaise), une agitation et une propagande intensives et une attitude de contestation systématique au Parlement. Lorsque les tribunistes quittent le parti, en 1909, pour fonder le petit Parti social-démocrate, Pannekoek les approuve. Mais, après avoir travaillé à l'Observatoire de Leyde (jusqu'en 1906), il part avec sa famille en Allemagne où le Parti socialiste et les syndicats l'invitent à enseigner l'histoire du matérialisme et des théories sociales. Expulsé par la police prussienne, il vit comme journaliste et conférencier itinérant en Allemagne et en Europe de l'Est avant de s'établir à Brême, l'un des bastions de la gauche du Parti social-démocrate. Il écrit, notamment, Les Divergences tactiques au sein du mouvement ouvrier, ouvrage dans lequel il montre que les grandes tendances du mouvement ouvrier — révisionnisme, réformisme, opportunisme, anarchisme — ne relèvent pas des particularités nationales mais sont bien plus des courants internationaux correspondant aux tendances générales de l'évolution du capitalisme. De 1910 à 1914, il collabore régulièrement à la Bremer Burger Zeitung, journal de l'organisation socialiste de Brême. Il y exprime ses désaccords avec Rosa Luxemburg, en particulier sur son ouvrage L'Accumulation du capital (1913). Mais c'est surtout avec Kautsky qu'il polémique dans les années qui précèdent la guerre. Rejoignant la gauche de l'Internationale (Lénine, Luxemburg), il montre que, par-delà l'habillage idéologique, l'opposition de la social-démocratie signifie qu'elle accepte en réalité l'ordre établi comme fondement immuable et qu'elle s'efforce d'obtenir le plus possible pour la classe ouvrière dans ce cadre.

Le ralliement, en août 1914, des directions socialistes à la politique d'union sacrée ne peut donc surprendre Pannekoek, et c'est tout naturellement qu'avec les tribunistes hollandais il rejoint la gauche révolutionnaire qui se constitue à Zimmerwald. Contraint de rentrer en Hollande, il reprend un poste d'enseignement des mathématiques ; menant de front activités scientifiques et politiques, il est reçu en 1916 à l'agrégation d'histoire de l'astronomie et est proposé, en 1918, comme directeur de l'Observatoire de Leyde ; sa nomination est refusée par le ministère.

La révolution et l'apparition des soviets en Russie d'abord, en Hongrie, en Italie et en Allemagne ensuite, apportent à Pannekoek la solution au problème que lui pose l'échec des organisations ouvrières traditionnelles, partis politiques et syndicats. Enthousiasmé par la révolution soviétique, il adhère au nouveau Parti communiste hollandais et tente de tirer les leçons de l'expérience des conseils ouvriers que fait l'Europe occidentale dans Révolution mondiale et tactique communiste (1919). Puisque le parti s'est montré objectivement contre-révolutionnaire dans les pays capitalistes développés, seule la classe ouvrière organisée en conseils peut exercer la dictature émancipatrice ; toute l'activité des révolutionnaires doit tendre vers ce but et donc repousser tout compromis avec d'autres forces politiques, notamment tout retour au parlementarisme. Il faut sortir des syndicats, des partis qui prétendent organiser la lutte par en haut.[...]

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