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MUNTADAS ANTONI (1942- )

Une œuvre ouverte

À partir de 1995, Antoni Muntadas oriente sa réflexion vers le projet global On Translation. Il s’agit de rassembler « des travaux en série explorant les problématiques de transcription, d'interprétation et de traduction » que soulèvent les domaines d'investigation auxquels il se consacre. Par ailleurs, le projet On Translation reconduit de façon plus systématique qu'auparavant une méthode de travail fondée, pour chaque œuvre, sur la participation d'un collectif constitué de jeunes artistes, de chercheurs, de sociologues, voire d'anthropologues, et d'acteurs de terrain. Il s'agit de répondre ainsi au concept de « l’œuvre ouverte » formulé par Umberto Eco, selon lequel chaque œuvre peut être interprétée à l'infini en fonction des contextes, des cultures et des identités spécifiques. Dans cette perspective, Muntadas conçoit notamment le projet de La Construction de la peur qui comporte deux films, Fear/Miedo (2005) et Miedo/Jauf (2007). Il y questionne la problématique des frontières, respectivement de Tijuana/San Diego et de Tanger/Tarifa. Dans une enquête menée auprès d'habitants vivant de chaque côté de ces frontières, il montre comment les pouvoirs politiques, économiques et médiatiques tirent parti des peurs les plus viscérales. Lors de son exposition monographique au pavillon espagnol de la biennale de Venise en 2005, il affine la finalité de sa production et conçoit le slogan décliné dans les diverses langues des lieux où il expose : « percevoir nécessite de s'engager ».

En 2011, le film Alphaville e outros, tourné à São Paulo, met en question l'utopie urbaine, aux prises avec les systèmes de surveillance très actifs au Brésil. L'année suivante, une importante rétrospective de ses œuvres, sous le titre Entre/Between, est présentée au Centro de Arte Reina Sofia à Madrid, puis à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris. L'installation Aller/Retour, Citoyenneté et déplacements, montrée au MuCEM à Marseille en 2013, met l'accent sur la circulation souvent conflictuelle des populations autour de la Méditerranée. Depuis 2015, le projet Protocoles asiatiques s'intéresse aux « similitudes, différences et conflits » qui existent entre le Japon, la Corée et la Chine.

— Lise OTT

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Écrit par

  • : professeure de lettres, critique d'art, membre de l'Association internationale des critiques d'art

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