Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TÀPIES ANTONI (1923-2012)

Formes et signes

Dans les années 1970, les objets qui faisaient corps avec le tableau, s'en évadent pour devenir des sculptures à part entière, telle la Pile d'assiettes (1970, Fondació A. Tàpies, Barcelone) ou La Chaise recouverte (1970, Wilhelm Lehmbruck-Museum der Stadt, Duisburg). Le Monument à Picasso, érigé en 1983 à Barcelone, peut se lire comme l'aboutissement monumental de la pratique de Tàpies sculpteur. L'artiste a entassé dans un grand cube de verre tout un assemblage de vieux meubles. Quant aux œuvres réalisées, en 1985, avec de la terre chamottée, elles auront pour thème des objets aussi ordinaires qu'un fauteuil ou une Pantoufle (1985, Fundació A. Tàpies Barcelone). Il ne s'agit en rien d'un retour au réalisme mais bien, selon l'artiste, d'une tentative pour revenir à ce point « où les choses cessent d'être les choses, tout en devenant amorphes en raison de la transparence et de la fluidité dynamique dont parle le Zen... ou de ce grain de poussière qui contient tout l'Univers ».

Dans les années 1980, Tàpies commence à peindre avec le vernis qui servait de liant à ses mélanges de poudre. Sans renoncer à son vocabulaire de formes et de signes, le mur, ce cri de rage qui pouvait se lire comme un geste accusateur face au franquisme, fait place à la toile, au papier et à la sensualité d'une matière plus légère marquée au plus haut point par la grande tradition de la peinture et de la pensée extrême orientale lorsqu'elle affirme cette recréation « du corps immense du vide ». Ainsi ce Torse et Jambe (1989, Fundació A. Tàpies, Barcelone).

En 1990, s'ouvre à Barcelone la Fondation voulue depuis plusieurs années par Tàpies. Celle-ci aura, selon le vœu de l'artiste une double fonction, être un lieu d'exposition et un lieu de recherche. On peut y voir également des œuvres du peintre couvrant les différentes périodes de son cheminement, les fameux Tàpies de Tàpies, conservés au fil des ans par l'artiste et sa femme.

Érudit, avide de savoir, Tàpies est aussi un peintre qui écrit. La Pratique de l'art (1974), L'Art contre l'esthétique (l978), L'Autobiographie (1981), La Réalité comme art (1989), Commmunication sur le mur (2000) ou encore L'Art et ses lieux (2003) accompagnent totalement la démarche d'un artiste qui affirme : « Je ne peux pas former une image sans qu'elle contienne une idée, une suggestion qui viennent de la vie et qui puisse nous aider à reconnaître et à exprimer la vérité. »

— Maïten BOUISSET

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • CATALOGNE

    • Écrit par , , , , , et
    • 22 274 mots
    • 8 médias
    On pourrait enfin découvrir sans peine dans l'œuvre de Joan Miró et de Salvador Dalí des marques de l'atavisme catalan, de ce fonds vivace dont Antoni Tàpies montre aussi, à sa manière, l'inépuisable fécondité.