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ZÁPOTOCKY ANTONÍN (1884-1957)

Né dans la vieille région industrielle de Kladno, d'un père qui fut l'un des fondateurs de la social-démocratie tchèque, Antonín Zápotocky s'est intégré très jeune dans le mouvement ouvrier. Apprenti tailleur de pierre, ouvrier maçon, il adhère à seize ans aux Jeunesses socialistes puis, deux années plus tard, au parti. À partir de 1907, il est secrétaire régional du Parti social-démocrate et des syndicats à Kladno. Conseiller municipal dès 1912, il est emprisonné, pendant quelques mois, en 1914, pour propagande antiautrichienne. Dès 1919, il anime la « gauche marxiste » du parti, qu'il représente à Moscou au IIe congrès de l'Internationale communiste.

Porte-parole de la gauche ouvrière et séduit par l'expérience soviétique, il est opposé au ministérialisme réformiste. Lors de la grève insurrectionnelle de décembre 1920, il préside le comité révolutionnaire de Kladno. Arrêté ainsi que trois mille grévistes, il connaît de nouveau la prison, cette fois pour neuf mois. Il n'en est pas moins élu, lors du congrès de fondation du Parti communiste tchécoslovaque (sept. 1921), au comité central et au bureau politique de cette nouvelle organisation. Auréolé d'un prestige de tribun et de lutteur, il sera secrétaire du comité central de 1922 à 1929, occupant même pendant peu de temps le poste de secrétaire général. Il représente une tendance ouvrière interne qui se distingue des intellectuels gauchistes ou austro-marxistes tout comme de la nouvelle génération formée à l'école de Staline qui prend le pouvoir au congrès de 1929. C'est à sa popularité, qui dépasse le cadre de l'appareil, qu'il doit son siège de député, auquel il est constamment réélu à partir de 1925. De la même façon, il sera membre suppléant de la commission exécutive de l'Internationale communiste à partir de 1924. Zápotocky reste fidèle à la ligne de Moscou quoi qu'il advienne. Toutefois, après 1929, il se voit confiné dans son rôle de secrétaire des Syndicats rouges tchécoslovaques qu'il représentera au comité exécutif du Profintern, l'Internationale syndicale rouge, siégeant à Moscou ; c'est à ce titre qu'il sera, à partir de 1935, l'homme de l'unité syndicale, après avoir été, de 1929 à 1932, le héraut des grèves minoritaires gauchistes.

Après la dissolution du Parti communiste tchécoslovaque (oct. 1938), il essaye de gagner l'étranger, mais il est arrêté lors d'une tentative de passage illégal de la frontière, le 11 avril 1939, et déporté à Oranienburg-Sachsenhausen jusqu'au mois de mai 1945. Lors de la « révolution nationale » (1945-1948), il joue un rôle déterminant en tant que secrétaire général du mouvement syndical réunifié, fort de deux millions d'adhérents. Zápotocky construit un appareil tout dévoué au parti dont il est le député, et joue la carte de la reconstruction du pays. Il s'emploie à prouver que le renforcement du rôle économique de l'État et du poids politique du Parti communiste dans la coalition sert les intérêts matériels des travailleurs. En février 1948, la mobilisation syndicale et l'armement des milices ouvrières découragent toute vélléité de riposte des non-communistes lors du coup d'État (ou plutôt coup de palais) de février 1948 ; les syndicats et les organisations de masses transforment alors le front national des partis en un front national rénové, dont Zápotocky est le symbole. Nommé vice-Premier ministre, il devient Premier ministre à part entière à partir de juin 1948. Sous son impulsion, les syndicats acquièrent de plus en plus de fonctions administratives, d'autant que toute l'économie est alors étatisée. Élu président de la République en mars 1953, après la mort de Klement Gottwald, il est alors l'homme de l'appareil. À[...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, diplômé de l'École nationale des langues orientales, chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études

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Autres références

  • TCHÉCOSLOVAQUIE

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    • 12 946 mots
    • 10 médias
    ...première fois dans les années 1920 à 1923, marquées par la grève générale de décembre 1920, l'arrestation de nombreux militants communistes (dont Zápotocký à Kladno), la loi de 1923 « sur la protection de la république ». Puis, après la reprise de 1924-1929, le pays fut atteint par la crise mondiale...