Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JANIGRO ANTONIO (1918-1989)

Le nom d'Antonio Janigro est indissociable de l'ensemble des Solistes de Zagreb, qui devint, sous sa direction, I'un des meilleurs orchestres à cordes du monde et avec lequel il entreprit de faire revivre le répertoire baroque tout en menant sa propre carrière de violoncelliste.

Né à Milan le 21 janvier 1918, il aborde 1'étude du piano à l'âge de six ans, puis travaille le violoncelle avec Gilberto Crepax au conservatoire Giuseppe-Verdi de Milan. En 1929, après avoir rencontré Pablo Casals, il part pour Paris, où il entre dans la classe de violoncelle de Diran Alexanian à l'École normale de musique. Il remporte six prix internationaux et commence en 1933 une carrière de soliste. En 1939, surpris en Yougoslavie au moment de la déclaration de guerre, il se fixe à Zagreb, où il est professeur au conservatoire jusqu'en 1954. En 1948, il aborde la direction d'orchestre, puis fonde les Solistes de Zagreb, un ensemble de douze cordes et un clavecin qu'il dirige de 1954 à 1967. À la même époque, il fonde et dirige l'Orchestre symphonique de la radio de Zagreb (1954-1964), puis se trouve placé à la tête de l'orchestre de l'Angelicum de Milan (1965-1967). À la mort de Karl Ristenpart, il est appelé à lui succéder à la tête de l'Orchestre de chambre de la radio sarroise (1968-1971). Puis il dirige la Camerata academica du Mozarteum de Salzbourg (1971-1974). Janigro mène parallèlement une importante carrière de violoncelliste : ses partenaires de musique de chambre sont Dinu Lipatti, Carlo Zecchi, Jörg Demus ; dans les années 1950, il forme un trio avec le pianiste Paul Badura-Skoda et le violoniste Jean Fournier. La pédagogie occupe une part importante de ses activités, au conservatoire Robert-Schumann de Düsseldorf, où il enseigne le violoncelle de 1965 à 1974, au Mozarteum de Salzbourg, à partir de 1971, et à la Hochschule für Musik de Stuttgart, à partir de 1975. Il meurt à Milan en pleine activité, le ler mai 1989. Il possédait plusieurs instruments historiques mais jouait de préférence sur un Amati ou sur un Guadagnini.

La musique de chambre et le répertoire baroque constituaient les domaines de prédilection de Janigro Si l'on excepte l'enregistrement du Don Quichotte de Richard Strauss qu'il réalisa en 1961 à Chicago sous la direction de Fritz Reiner, il ne s'est jamais véritablement imposé dans les œuvres de grande dimension que ce soient les concertos romantiques pour violoncelle – qu'il jouait néanmoins – ou le répertoire symphonique, en tant que chef d'orchestre. Il évoluait avec bonheur dans un univers de précision et de raffinement où il pouvait se consacrer à une mise en place méticuleuse, trop aléatoire avec de grands effectifs. La période de gloire des Solistes de Zagreb s'inscrit dans le courant de renouveau dont a bénéficié la musique baroque italienne à partir des années 1950 : I Virtuosi di Roma (1947) et I Musici (1952) avaient ouvert la voie ; Antonio Janigro a su exporter hors de la péninsule une école d'instruments à archet et un style qu'aucun autre ensemble non italien n'est parvenu à reconstituer. Il a en outre créé plusieurs partitions contemporaines, notamment des œuvres de Wolfgang Fortner (Immagini, dont il est le dédicataire, 1967), Gyorgy Ligeti (Ramifications, seconde version, 1969), Xavier Benguerel (Consort Music, 1971), Lorenzo Ferrero (My Blues, 1982).

— Alain PÂRIS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification