MIRA DE AMESCUA ANTONIO (1574?-1644)
Dramaturge espagnol né à Guadix (province de Grenade), Mira de Amescua est ordonné prêtre en 1610. En 1616 il accompagne le duc de Lemos à Naples, puis est chapelain à Grenade. Il néglige sa vocation ecclésiastique au profit de sa vocation littéraire. Chapelain à Madrid il fréquente Góngora, Lope de Vega, Tirso de Molina. Sa réputation est grande. Il meurt à Guadix où il avait obtenu une place d'archidiacre à la cathédrale. Outre des poésies lyriques, il laisse une soixantaine d'œuvres dramatiques. Son théâtre se rattache à l'école de Lope de Vega, annonçant cependant par certains aspects l'art dramatique de Calderón. On admire chez lui l'intensité des scènes de passion ou de conflits psychologiques, et la versification ; on déplore l'incohérence et la complexité de l'intrigue. Amescua excelle dans les thèmes religieux : comedias bibliques ou hagiographiques ; autos sacramentales (Pedro Telonario, El Heredero, La Jura del Príncipe). Il est connu aujourd'hui par son œuvre maîtresse, L'Esclave du démon (El Esclavo del demonio, 1612) : l'intrigue, tourmentée à l'excès, s'inspire de la légende portugaise de Gil de Santarén ; elle se découpe en trois séquences : la tentation, le pacte avec le diable pour obtenir l'amour de Leonor, la conversion. Le sujet en est la problématique de la prédestination et de la grâce, comme dans Le Magicien prodigieux (El Mágico prodigioso) de Calderón et dans Le Damné par manque de foi (El Condenado por desconfiado) de Tirso de Molina. Mais le talent d'Amescua n'atteint pas la hauteur sublime de ces chefs-d'œuvre. Trois pièces religieuses méritent aussi d'être nommées : L'Aubergiste du ciel (La Mesonera del cielo), La Harpe de David (El Arpa de David), Vie et Mort de saint Lazare (Vida y Muerte de san Lázaro). Du théâtre profane on retiendra surtout La Phénix de Salamanque (La Fénix de Salamanca) — où l'on retrouve un motif cher à Lope de Vega, celui de la femme déguisée en homme — et La Maison du joueur (La Casa del tahúr), riche en observations réalistes.
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Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
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