MUÑOZ MOLINA ANTONIO (1956- )
Trajectoires de l’exil
Parallèlement à sa collaboration avec la presse, Antonio Muñoz Molina se montre toujours en quête de nouvelles formes d'écriture. À travers sa voix, d'autres voix s'élèvent, tissant autour des exilés, des malades et des exclus, la trame de cette œuvre polyphonique qu'est Sefarad (2001, Séfarade). Ventanas de Manhattan (2004, Fenêtres de Manhattan) se présente comme autant de fenêtres qui s'ouvrent poétiquement sur les souvenirs de l'auteur mêlés à des réminiscences culturelles. Le livre trouvera une manière de prolongement avec Un andarsolitario entre la gente (2018, Un promeneur solitaire dans la foule).
Sous sa plume, on voit resurgir des thèmes qui confèrent à son œuvre un aspect cyclique. Ainsi, El viento de la luna(2006, Le Vent de la lune) s’ancre dans l’espace mythique de Mágina qui servit de cadre à ses romans antérieurs, notamment Beatus Ille. Son intérêt pour l’histoire d’Espagne et pour la thématique de l’exil inspire La noche de los tiempos(2009, Dans la grande nuit des temps), roman colossal centré sur le personnage imaginaire d’Ignacio Abel, un grand architecte espagnol de conviction républicaine, fuyant sa vie étriquée et une Espagne déchirée par les premiers soubresauts de la guerre civile pour se rendre aux États-Unis.
En 2014, dans Como la sombra que se va (Comme l’ombre qui s’en va),Antonio Muñoz Molina suit les traces de l’assassin de Martin Luther King, James Earl Ray. Lisbonne, où le meurtrier a pris la fuite, devient un carrefour de temporalités : celle du présent du narrateur en visite chez son fils ; celle de 1987, date de son premier voyage dans cette ville qui lui inspira le roman El invierno en Lisboa ; mais aussi 1968, l’année de l’assassinat de Martin Luther King. Antonio Muñoz Molina est aussi l’auteur d’un essai teinté d’amertume, Todolo que erasólido (2013, Tout ce que l’on croyait solide), sur la crise tout à la fois économique, politique et morale qui a notamment affecté l’Espagne.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Corinne CRISTINI : maître de conférences à la faculté des lettres, Sorbonne université
Classification
Autres références
-
PLEINE LUNE (A. Muñoz Molina)
- Écrit par Bernard SESÉ
- 1 280 mots
Parmi les écrivains de sa génération, Antonio Muñoz Molina, né en 1956 à Úbeda (Jaén), a obtenu une notoriété particulière avec la publication de Beatus ille (1986) et surtout de El jinete polaco (Le Cavalier polonais, 1991), qui reçut, en Espagne, le prix Planeta et le prix national de littérature....
-
SÉFARADE (A. Muñoz Molina)
- Écrit par Bernard SESÉ
- 985 mots
- 1 média
« Une sorte d'encyclopédie de l'exil... », c'est ainsi qu'Antonio Muñoz Molina définit Séfarade (trad. P. Bataillon, Seuil, Paris, 2003). De la maladie mortelle dont on est atteint jusqu'à l'impitoyable persécution qui cherche à anéantir un être humain pour la seule raison...
-
ESPAGNE (Arts et culture) - La littérature
- Écrit par Jean CASSOU , Corinne CRISTINI et Jean-Pierre RESSOT
- 13 749 mots
- 4 médias
...série qui comptera six volumes et qu'elle a intitulée « Episodios de una guerra interminable » (« Épisodes d'une guerre interminable »). Citons également l'œuvre monumentale d'Antonio Muñoz Molina, La noche de los tiempos (Dans la grande nuit des temps), 2009, qui, à travers l'histoire d'un architecte...