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RINALDI ANTONIO (1710 env.-1790)

Né vers 1709 dans une famille noble du sud de l'Italie, Antonio Rinaldi fit ses classes auprès de l'un des plus grands architectes de son temps, Luigi Vanvitelli (1700-1773), et participa sous sa direction à la construction de plusieurs édifices : le palais colossal des rois de Naples à Caserte, le monastère Sant'Agostino à Rome ainsi que l'église du monastère Santa Magdalena à Pesaro. Pendant l'hiver 1750-1751, Rinaldi signa un contrat avec Kirill Razoumovski, hetman de la Petite-Russie et frère de l'époux morganatique de l'impératrice Élisabeth. Au printemps suivant, après un voyage en Angleterre, il partit pour la Russie. Il travailla deux années en Ukraine avant de s'installer à Saint-Pétersbourg où il reçut le titre d'architecte du grand-duc Pierre Fedorovitch, le futur Pierre III, et de son épouse Catherine, la future Catherine II, qui prit l'artiste sous sa protection. Après l'intronisation de Catherine, Rinaldi devint le premier architecte de la ville de Saint-Pétersbourg.

Il travailla en Russie pendant près de trente ans, essentiellement pour Catherine II. Mais une chute mit fin à son activité. En 1784, il repartit pour l'Italie et passa les dernières années de sa vie à Rome où il prépara la publication de ses projets. Un album consacré aux bâtiments de la résidence d'Oranienbaum aux environs de Pétersbourg, Pianta Generale ed Elevazione delle Fabbriche esistenti nel nuovo Giardino di Oranienbaum, vit le jour après la mort de l'architecte, en 1796.

L'ensemble d'Oranienbaum, que l'impératrice Élisabeth avait offert à son héritier Pierre en 1743, fut le premier chantier de Rinaldi après son arrivée à Saint-Pétersbourg. En 1756, il y construisit Peterstadt, une forteresse miniature contenant un petit palais. Plus tard, Rinaldi réalisa pour Catherine II un vaste jardin anglo-chinois qui abritait de nombreux bâtiments, notamment une glissoire pour descendre en traîneau (Katalnaïa gorka) comportant une Salle ronde et deux cabinets attenants, recouverts par d'exubérants décors rocaille, et un palais chinois qui tire son nom du style de ses ornements intérieurs, mais qui renferme également des plafonds de Giambattista Tiepolo et de différents peintres vénitiens.

Gatchina, une autre résidence aux environs de Pétersbourg, fut construite par Rinaldi à partir de 1766, pour le favori de Catherine, le comte Grégoire Orlov. L'architecture de Gatchina obéit à une véritable discipline classique : selon un schéma élaboré par les architectes de la Renaissance italienne, les façades du château sont partagées en différents registres par des corniches et ornées de pilastres, doriques au niveau inférieur, puis ioniques. Le corps principal est flanqué de deux tours pentagonales qui évoquent le Moyen Âge, contribuant ainsi au « vieillissement » symbolique du château. Dans le parc paysager de Gatchina, Rinaldi éleva des monuments qui commémoraient les victoires de la Russie sur l'Empire ottoman. Il érigea des monuments du même type à Tsarskoïe Selo.

Le palais de Marbre, l'œuvre la plus connue de Rinaldi, située en plein centre de Saint-Pétersbourg, fut construit pour le comte Orlov entre 1768 et 1785. Ce fut probablement l'édifice le plus italien de la ville. Ses façades et ses appartements sont revêtus de marbres et de granits de différentes couleurs. Pour les façades l'architecte utilisa un ordre corinthien colossal d'une grande plasticité. Le somptueux escalier du palais évoquait le souvenir du célèbre escalier de Caserte.

L'église Saint-Isaac, construite à partir de 1768 d'après un projet de Rinaldi, fut démolie en 1818 et remplacée par l'actuelle cathédrale due à Auguste Ricard Montferrand. L'architecte entreprit également la construction de l'église Saint-Vladimir, achevée par Ivan Starov et consacrée en 1789. Il bâtit aussi[...]

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Écrit par

  • : chargée de recherche au centre André-Chastel, université de Paris-IV-Sorbonne, docteur en histoire et civilisation de l'École des hautes études en sciences sociales, habilitée à diriger les recherches

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