ANVERS (JEUX OLYMPIQUES D') [1920] Contexte, organisation, bilan
En marge des Ves jeux Olympiques, le C.I.O. tient sa dixième session à Stockholm et, le 27 mai 1912, il désigne Berlin ville d'accueil des Jeux de 1916. En 1909, la capitale du Reich avait renoncé à présenter sa candidature : elle laissait le champ libre à Stockholm et se réservait pour 1916. Bien que cinq autres villes se déclarent intéressées, on ne vote que pour le principe : Berlin avait obtenu de solides garanties et est élue à l'unanimité.
Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France et les troupes du kaiser pénètrent en Belgique. Le mouvement olympique s'affole certes, mais il ne renonce pas immédiatement aux Jeux de 1916 : certains membres du C.I.O. demandent le transfert des Jeux de la VIe olympiade aux États-Unis ou en Scandinavie ; les Allemands, sûrs d'une victoire militaire rapide, protestent... Bien évidemment, la Grande Guerre interdit la tenue des Jeux de 1916, à Berlin ou ailleurs, mais le décompte des olympiades ne s'en trouve pas pour autant modifié : la période 1916-1920 correspond à la VIe olympiade des temps modernes.
En cette époque terrible, Pierre de Coubertin ne reste pas inactif, loin de là. Déjà, lors du sixième congrès du C.I.O., réuni à Paris du 13 au 23 juin 1914 pour célébrer le vingtième anniversaire de la renaissance des jeux Olympiques, il avait enregistré les candidatures d'Anvers et de Budapest, désireuses d'accueillir les Jeux de 1920 – un vote indicatif donnant un léger avantage à Budapest, la ville de Ferenc Kemény, un ami de Coubertin qui a soutenu le baron sans réserve depuis 1894. À cette occasion paraissait pour la première fois en public le drapeau aux cinq anneaux de couleurs entrelacés imaginé par Coubertin et fabriqué par les magasins du Bon Marché à Paris. Le 10 avril 1915, à l'Hôtel de Ville de Lausanne, par un acte officiel, il fait de cette ville suisse le « centre administratif mondial de l'olympisme rénové » : Lausanne devient le siège permanent du C.I.O. et en conserve les archives.
Par ailleurs, Coubertin, ne voulant pas ajouter une scission olympique à la guerre, refuse de répondre favorablement à la requête de Theodore A. Cook, représentant britannique au C.I.O., qui exige l'exclusion des membres germaniques du Comité. Le patriotisme de Coubertin ne peut pourtant pas se voir mis en cause, puisqu'il s'engage le 1er janvier 1916, laissant la présidence du C.I.O. par intérim au Suisse Godefroy de Blonay.
Le 11 novembre 1918, les armes se taisent. Dès lors, Coubertin met tout en œuvre pour que les Jeux retrouvent leur rythme quadriennal, quitte à ne pas s'embarrasser de démocratie et de consultations... Édouard Herriot, maire de Lyon, avait sondé naguère le baron sur les chances de voir sa ville, où débutait la construction d'un grand stade, accueillir les Jeux en 1920 : Coubertin obtient d'Herriot un mandat de désistement, lequel indique reporter la demande lyonnaise à 1924, car la candidature d'Anvers sied à merveille au baron. En effet, le 29 mars 1919, avec une garantie de 1 million de francs donnée par un comité provisoire des commerçants et diamantaires d'Anvers, le Comité olympique belge indique que la candidature déposée en 1914 demeure d'actualité. Coubertin réunit rapidement, le 5 avril 1919 à Lausanne, le C.I.O., pour la « session des retrouvailles ». Atlanta, Cleveland, Philadelphie, La Havane manifestent certes quelques velléités, mais, en hommage à la Belgique héroïque, le baron fait confirmer son choix, à l'unanimité des présents, lesquels sont fort peu nombreux : seuls huit pays participent à cette session ; les trois membres français du Comité, qui souhaitaient décaler les Jeux à 1921, ne se trouvent pas dans l'assistance. Dès le 17 avril, le Comité olympique belge se réunit : le comte Henri de Baillet-Latour[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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