ANVERS
Anvers, foyer artistique
Avant le xvie siècle
La vie artistique au Moyen Âge, à Anvers, n'atteint pas la renommée qui sera la sienne dans les siècles suivants. Cependant, de nombreux documents d'archives semblent indiquer que la production d'œuvres d'art, notamment de retables en bois sculpté, était déjà considérable. Il est difficile, sinon impossible, de distinguer ce qui se fabriquait à Anvers de ce qui sortait des ateliers d'autres villes brabançonnes. Le style des quelques exemples qu'on a pu conserver est sensiblement le même dans ces divers ateliers.
Organisation des corps de métiers
Une ordonnance municipale en date du 26 août 1382 résume les points du règlement de la corporation des artistes, réunis sous le patronage de saint Luc. À ce moment, elle comprend les orfèvres, les peintres, les verriers, les brodeurs et les sculpteurs sur bois. Il convient de distinguer ces derniers des tailleurs de pierre, qui, eux, font partie de la corporation des Quatre Couronnés. La date exacte de la création de la corporation de saint Luc est inconnue, mais remonte sans doute tôt au xive siècle. La réglementation garantit le monopole du travail aux membres, qui doivent être citoyens de la ville. Elle prévoit aussi des mesures pour la sauvegarde de la qualité de la production, notamment en imposant le contrôle des matériaux employés et l'application des marques désignant la ville d'origine, l'atelier et quelquefois la date. En général, le nombre de professions qui se rangent sous l'égide de la corporation tend à s'accroître au xve siècle et surtout au xvie. Seuls les orfèvres, obligés de se soumettre à une réglementation très stricte, à cause de la valeur des matières qu'ils travaillent, se détachent en 1456 de la corporation de saint Luc pour former leur propre corps de métier. Par ailleurs, ceux qui travaillent dans l'industrie du livre (relieurs, imprimeurs, vendeurs), les graveurs, puis les faïenciers, les fabricants de clavecins, de meubles... viennent se joindre au corps de métier des artistes. Le plus ancien des Liggeren, ou registres des membres de la corporation, contient des données remontant à 1453, date probablement fortuite, car elle ne correspond pas à un événement spécial dans la vie de la gilde, tel que sa fusion, en 1481, avec la chambre de rhétorique De Violiere.
L'architecture gothique brabançonne
En s'inspirant largement de l'exemple des grandes cathédrales gothiques françaises, surtout celle d'Amiens, et sans doute aussi de celle de Cologne, une variante spécifique du style gothique se développe sur le sol brabançon à partir du xive siècle. La conception de l'espace de ces grands monuments a été reprise, mais quelques éléments nouveaux lui donnent un caractère propre, comme l'emploi de piles cylindriques avec leurs chapiteaux à feuilles. Un des exemples les plus remarquables de ce style est la cathédrale d'Anvers, commencée en 1352. Les travaux ne s'achèvent qu'en 1535. Ses vastes dimensions et sa tour splendide, de 123 mètres de hauteur, en font un édifice hors pair, qui a influencé l'architecture religieuse dans d'autres villes des Pays-Bas. Le style gothique a survécu longtemps dans ces régions, et beaucoup de monuments construits au xve et même au xvie siècle en portent la marque.
Le xvie siècle
Essor économique et développement artistique
Dès la fin du xve siècle, l'essor favorable de la vie économique entraîne une brusque progression de l'activité artistique. De grandes fortunes se constituent, et les bourgeois riches ainsi que ceux dont la fortune est plus modeste commandent des œuvres d'art pour orner leurs maisons et les édifices publics. Les corporations veulent des tableaux pour leurs autels. On construit de nouvelles églises et un nouvel hôtel de ville. La cité s'embellit de[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Guido PEETERS : docteur en droit, licencié en sciences politiques et diplomatiques
- Carl VAN DE VELDE : chercheur au Centre des arts plastiques d'Anvers
- Christian VANDERMOTTEN : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie
Classification
Médias
Autres références
-
ANVERS PROVINCE D'
- Écrit par Christian VANDERMOTTEN
- 547 mots
- 1 média
La province belge d'Anvers (Antwerpen en néerlandais), située en Région flamande, couvre 2 867 kilomètres carrés et compte 1 908 000 habitants en 2023. Elle a pris la suite en 1815 du département français des Deux-Nèthes, formé lui-même de la portion septentrionale de la partie de l'ancien duché...
-
BELGIQUE - Géographie
- Écrit par Christian VANDERMOTTEN
- 6 705 mots
- 6 médias
Bruxelles, très tôt, etAnvers, après 1880, ont aussi connu un fort essor industriel, dans les secteurs axés sur les biens de consommation et les industries technologiques de la fin du xixe siècle – qui requéraient une main-d'œuvre spécialisée et diversifiée – ou dans les secteurs de transformation... -
BELGIQUE - Histoire
- Écrit par Guido PEETERS
- 20 670 mots
- 16 médias
...aussi bien le pouvoir central que le courant novateur du capitalisme commercial. Les métiers de Bruges allèrent jusqu'à garder prisonnier Maximilien Ier de Habsbourg (1488). Du coup, la cour se réfugia à Malines et Maximilien favorisa à desseinAnvers, politique qui fut suivie par ses successeurs. -
FAYDHERBE LUC (1617-1697)
- Écrit par Georges BRUNEL
- 313 mots
Il serait sans doute excessif de faire de Luc Faydherbe le Rubens de la sculpture ; la puissance des deux artistes n'est pas comparable. Il n'en reste pas moins que Faydherbe, né et mort à Malines, est, de tous les sculpteurs qui ont travaillé aux Pays-Bas au xviie siècle, le plus proche...
- Afficher les 16 références