APENNIN
Données économiques
Fréquenté par l'homme depuis le Paléolithique inférieur (Abbevillien des Abruzzes), l'Apennin apparaît comme une montagne refuge à cause de la multiplicité de ses défenses naturelles : gorges, escarpements, neiges d'hiver, forêts. Des loups y sévissaient hier encore. Les Néolithiques y refluèrent sous la pression des « invasions » nordiques. Puis on dut organiser la résistance à toutes les influences politiques ou culturelles de la plaine : les fameux bandits des Abruzzes ou de Calabre n'étaient souvent que des maquisards. Mais le cloisonnement topographique, la variété ethnique, la pauvreté économique empêchèrent l'unité politique. L'Apennin appartint toujours aux gens de la plaine, qui avaient besoin de son eau, de son bois, de ses pâturages. De nos jours, la moitié sud de la chaîne supporte encore les séquelles de la domination napolitaine.
L'économie traditionnelle est celle d'une montagne méditerranéenne classique : céréaliculture extensive, quelques cultures arrosées dans les conques, arboriculture (châtaigniers, amandiers) et surtout élevage du petit bétail, avec montée vers les hauts pâturages en été et descente dans les plaines en hiver, sans oublier la relative importance de la vie forestière. Chose curieuse, la population n'habita jamais très haut, et Castelluccio di Norcia, village le plus élevé de l'Apennin, n'est qu'à 1 453 m : d'où, sans doute, l'abaissement artificiel de la limite de la forêt. Toutefois, on comprend mal que l'habitat soit si mal adapté aux conditions climatiques et aux impératifs de l'élevage. Bien qu'à l'activité rurale se soient ajoutés l'artisanat (battage du cuivre) et quelques industries (alimentation, extraction, papeterie), le niveau de vie des populations apennines est longtemps resté très précaire.
La médiocrité des ressources et la persistance de structures sociales archaïques firent de l'Apennin un important foyer d'émigration. Émigration dans les limites nationales d'abord : il fut un temps, à Rome, où une cuisinière était inévitablement d'Amatrice, et une nourrice de la Ciociaria. Émigration lointaine ensuite, vers la France, la Belgique, le Canada, le Venezuela. Beaucoup de villages furent dépeuplés – du moins de leurs habitants mâles – et de nombreux champs abandonnés ; il n'y avait plus personne pour conduire les troupeaux. Ce destin est commun à de nombreuses montagnes pauvres.
Mais, depuis une ou deux générations, l'économie de l'Apennin se modernise progressivement. Modernisation due d'abord aux effets de la réforme agraire, puis aux travaux de la Cassa del Mezzogiorno : il s'agissait de lutter tantôt contre le « microfundium » (conque du Fucino), tantôt contre le latifundium (Calabre). On améliora le réseau routier, souvent grâce à des équipes de chômeurs. Le développement concerté du tourisme s'affirme : soit tourisme d'hiver en direction des champs de neige (L'Abetone, Terminillo, Campo Imperatore, Roccaraso), soit tourisme d'été permettant de fuir les plaines surchauffées. Surtout, on constate que l'industrie moderne commence à mettre à profit les ressources énergétiques de la montagne, comme dans les Alpes. L'hydro-électricité de l'Apennin est appréciée, car, loin des Alpes, la péninsule est dépourvue de source d'énergie. Le courant électrique, appoint aux besoins énergétiques de la plaine du Pô, alimente aussi les centres industriels du versant tyrrhénien ; il est également utilisé sur place depuis longtemps, sur la marge même de l'Apennin (Terni), depuis peu au cœur de la chaîne (Bussi) : on en use pour l'électrochimie et pour l'électrométallurgie. Enfin, les plaines périphériques de la péninsule doivent à l'Apennin leurs eaux d'irrigation et leur eau potable : Rome boit l'eau de l'Aqua Marcia, et les Pouilles[...]
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Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
- Jean DEMANGEOT : professeur à la Faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
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