APOCALYPSE DE JEAN
L'Apocalypse de Jean est le dernier des livres du Nouveau Testament. Parmi cet ensemble d'ouvrages considérés comme « canoniques » par l'Église chrétienne, elle apparaît comme un bloc erratique.
Le contraste est d'abord dans la forme. À côté des Évangiles, des Actes des Apôtres et des Épîtres, elle représente un genre littéraire absolument différent. Le caractère étrange des visions qu'elle contient, le symbolisme poussé, parfois même incohérent, qui les exprime, l'allure dramatique des scènes grandioses qui sont évoquées, contribuent à faire de cet ouvrage une véritable énigme.
Cet aspect mystérieux est encore renforcé par le contraste doctrinal qui se manifeste entre le contenu de l'Apocalypse et le reste du Nouveau Testament. Bien qu'on puisse discerner certains liens étroits avec d'autres écrits canoniques, spécialement avec l'Épître aux Hébreux, la comparaison avec les Évangiles fait apparaître une différence fondamentale. L'aspect « historique » du message chrétien est ici presque entièrement passé sous silence. La seule allusion à un fait de la vie de Jésus se trouve au verset 8 du chapitre xi, qui dit, à propos de Jérusalem : « C'est là où leur Seigneur lui aussi fut crucifié. » Mais il semble, de l'avis même de plusieurs auteurs catholiques, qu'on soit ici en présence d'une glose. En revanche, le contenu « théologique » du message de l'Apocalypse est extrêmement riche dans les domaines où celui des Évangiles est particulièrement sobre. C'est le cas de l' eschatologie, c'est-à-dire de la doctrine sur la fin des temps, qui occupe ici une place primordiale.
Enfin l'Apocalypse de Jean a proposé à l'inspiration des artistes une extraordinaire richesse de thèmes religieux, dont le symbolisme, déjà merveilleusement évoqué, ouvre à l'imagination des perspectives sans bornes. Les grandes scènes, les figures énigmatiques dont l'ouvrage est rempli constituent autant de sujets dont les lignes, et parfois même les couleurs, déjà si nettes et si contrastées, ne pouvaient laisser indifférente la sensibilité artistique. Quoi de plus évocateur que le Livre aux sept sceaux, la Liturgie céleste, les Quatre Cavaliers, la Femme céleste et son enfant, la Grande Prostituée, les Bêtes de la terre et de la mer, la chute de Babylone ?
Interprétation de l'œuvre
Le caractère énigmatique et singulier de l'Apocalypse de Jean la rend d'autant plus intéressante. Son étude est indispensable à quiconque cherche à connaître le christianisme sous sa forme primitive. Loin de constituer le « couronnement » de la « révélation chrétienne », elle apparaît plutôt comme une des formes les plus anciennes du message chrétien.
Présentation du livre
L'auteur décrit les visions qu'il eut à Patmos, petite île située au large de l'Asie Mineure. C'est d'ailleurs à sept Églises d'Asie qu'il destine son œuvre : Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. Sept lettres, pleines d'encouragements ou de reproches et adressées à l'« ange » de chaque Église, forment une sorte d'introduction.
Le corps de l'ouvrage (iv-xxi) présente une série de tableaux analogues à ces drames du Moyen Âge où les différents lieux sont envisagés simultanément. L'action se déroule dans le ciel, mais la terre est toujours présente, tantôt restreinte à Jérusalem, tantôt élargie aux limites du monde habité. Le voyant monte au ciel pour y contempler une série de scènes grandioses, dont le rythme est marqué par la succession de symboles variés, mais toujours introduits selon un schéma numérique septénaire. D'abord, dans le cadre d'une liturgie céleste, paraît le mystérieux Agneau, qui prend possession du Livre des desseins divins ([...]
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Écrit par
- Jean HADOT : professeur à l'Université libre de Bruxelles
Classification
Médias
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