APÔTRES & APOSTOLAT
Les formes de l'apostolat
On peut distinguer les formes de l'apostolat selon le sujet actif, le mode, le destinataire.
Le sujet actif
Deux distinctions principales s'imposent à ce niveau : clergé et fidèles ; apostolat individuel et collectif.
Dans une Église de type catholique, sacramentellement et hiérarchiquement structurée, la distinction entre clergé et fidèles n'est pas purement pratique. Les clercs ordonnés (sacrement de l'Ordre) sont dans une position de chefs ; ils ont la charge de l'apostolat par un office et un mandat. Cela vaut, par institution divine, du collège des évêques, dont le pape est le chef comme successeur de Pierre. Mais le collège épiscopal s'adjoint des coopérateurs, prêtres et diacres. L'apostolat de la hiérarchie s'organise selon deux registres ou structures : structures territoriales (paroisses et diocèses), structures supra-territoriales, qui peuvent suivre soit les espaces culturels, soit les espaces sociologiques (par exemple le monde des travailleurs, ou celui des gens de la mer), soit les grands besoins généraux (apostolat de l'intelligence). Les ordres religieux et les congrégations missionnaires masculins et féminins, dans lesquels se trouve institutionnalisée la vocation propre d'un fondateur, répondent particulièrement bien aux besoins d'un apostolat supraterritorial.
L'apostolat des laïcs a toujours existé dans l'Église : saint Paul mentionne souvent des fidèles, mariés ou non, hommes ou femmes, comme ses collaborateurs dans l'Évangile (cf. Phil., iv, 3 ; Rom., xvi, 3-7). Un devoir général d'apostolat, comportant un droit correspondant (Ap. Act., nos 3, 4 ; 25, 1), se fonde sur la qualité chrétienne comme telle de tout baptisé (baptême et confirmation). Il est, en effet, comme tel, devenu membre du Christ, voué à suivre celui-ci dans sa forme de vie et d'activité, et membre du peuple de Dieu, peuple consacré et témoin de Dieu dans le monde. La foi, l'espérance et la charité, puis les dons spirituels personnels vouent le chrétien à rayonner, à communiquer la vie qui est en lui : il en est responsable, il en est redevable aux autres. De là résulte un devoir général d'apostolat, que précisent pour chacun ses dons, les possibilités et les occasions qui lui offrent sa vie. L'apostolat est coextensif à l'existence chrétienne. Souvent d'ailleurs les fidèles éprouvent le besoin de se concerter et de se grouper librement pour se soutenir mutuellement et être plus efficaces. Il arrive que de tels groupements, suffisamment larges et structurés, soient reconnus officiellement par la hiérarchie comme organismes apostoliques, et assumés par elle comme collaborateurs en l'exécution de sa propre tâche d'apostolat. C'est ce qu'on appelle généralement l' Action catholique, bien que ce nom ne soit pas reçu partout avec la même faveur ni même exactement dans le même sens. Cette reconnaissance officielle, qui entraîne évidemment un certain contrôle et une certaine direction, s'exprime par ce qu'on appelle, d'une façon médiocrement heureuse, « le mandat ». L'Action catholique n'est ni une machine de guerre ni une nouvelle forme de cléricalisme : elle est simplement une organisation de l'apostolat des laïcs en tant que, dépassant l'initiative personnelle, il est reconnu et assumé par l'Église hiérarchique. Elle n'absorbe pas, il s'en faut de beaucoup, la totalité de l'apostolat des laïcs.
À l'égard de la distinction entre clergé et simples fidèles, les religieux non prêtres et les religieuses se trouvent dans une situation particulière et comme intermédiaire puisqu'ils sont canoniquement des laïcs, tout en ne l'étant cependant pas au point de vue psychologique et sociologique, non plus qu'au point de vue fonctionnel.[...]
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Écrit par
- Yves CONGAR : professeur à l'Institut catholique de Paris
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