APPAREIL, architecture
L'appareillage
Nous avons classé les types d'appareil d'après la nature, la forme et la taille des matériaux ; c'est l'aspect fondamental, mais l'analyse de l'appareil ne serait pas complète si l'on ne faisait pas intervenir deux autres éléments qui précisent les caractères des divers systèmes de construction : les modes d'appareillage et la structure des parements. Il y a lieu de distinguer l'appareillage à joints vifs et l'appareil traité avec un liant (mortier, ciment, etc.).
L'appareillage à joints vifs est fondamental dans les architectures antiques, en particulier égyptienne et grecque, comme dans l'architecture maya. Les blocs sont juxtaposés suivant des surfaces de joints soigneusement préparées de façon à obtenir une coïncidence parfaite quelles que soient la forme du joint ou la taille de la pierre. La difficulté d'obtenir une parfaite cohésion a entraîné l'emploi de techniques particulières que l'on peut reconnaître à un examen attentif des monuments. La cohésion n'est pas cherchée en général sur toute la surface du joint, mais elle est réalisée par l'intermédiaire de bandeaux, les anathyroses de l'architecture grecque. La région centrale est démaigrie, traitée en retrait, laissant un léger vide entre les deux blocs. La préparation de ce jointoiement exige un travail de polissage très soigné pour chaque joint, qui était exécuté sur chaque face libre au fur et à mesure de la pose. On constate d'autre part que sur les lits horizontaux, ce travail de préparation des joints avec le polissage des surfaces était exécuté sur chaque assise, après sa mise en place ; un ravalement était alors exécuté au ciseau, parfois même à la pointe, pour faire disparaître toutes les saillies ou les dénivellations et préparer le lit d'attente de l'assise suivante.
Dans d'autres types de construction, comme celui des monuments romains en grand appareil, un procédé différent était utilisé. Après la mise en place de chaque bloc, un coup de scie était passé dans le joint pour lisser les surfaces et permettre une plus complète juxtaposition.
De tels procédés expliquent la perfection de ces appareils antiques dont le jointoyage a été si parfaitement exécuté qu'il a souvent résisté à de nombreux siècles, sans laisser se produire la moindre fissure.
Le besoin s'est fait sentir de protéger contre les glissements les murs construits en grand appareil à joints vifs. De cette préoccupation est née la technique du scellement et du goujonnage des blocs, technique connue en Égypte, en Syrie, en Grèce, à Rome et dans les provinces de l'art romain, Gaule ou Afrique du Nord. Les blocs d'une même assise sont reliés entre eux par des crampons ou des griffes en bois, en bronze ou en fer baignés dans des coulées de plomb. Ces crampons ont tantôt une forme en queue d'aronde, aux extrémités évasées, tantôt le profil d'une griffe avec des tenons verticaux à chaque extrémité. D'une assise à l'autre les blocs ou les tambours des fûts de colonne étaient goujonnés les uns aux autres par des tenons de bois ou de bronze, de forme circulaire ou quadrangulaire. Mais ce système est moins général que les scellements horizontaux, en particulier dans les murs.
L'appareillage avec liant est plus largement employé dans les constructions en matériaux ordinaires ; toutefois il est de règle, même pour les édifices de grand apparat, dans les architectures modernes et contemporaines.
Ce liant peut être de diverse nature. Dans les architectures primitives ou pauvres, il n'est souvent qu'un mortier de terre, plus ou moins argileuse ; dans les constructions en brique d'Égypte ou de Mésopotamie, il est fait d'un lait d'argile répandu entre les assises, parfois renforcé par des matières bitumeuses plus dures et plus résistantes[...]
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Écrit par
- Roland MARTIN : membre de l'Institut
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