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APPAREIL, architecture

Les parements

Le traitement des parements donne à l'appareil sa physionomie propre et précise, son originalité. Deux tendances se manifestent constamment qui répondent à deux conceptions esthétiques.

Selon une tendance, le mur est conçu comme un tout, un élément unifié, traité dans son ensemble et par panneaux. Dans ce cas, les joints s'effacent ; les parements extérieurs sont ravalés avec soin et la façade est composée de grands panneaux que limitent les ouvertures, les chaînages. C'est le propre des murs grecs du ve siècle avant J.-C., des massives et solides constructions du xviie ou du début du xviiie siècle. C'était aussi la conception de l'architecture égyptienne, mais pour une autre raison : le mur devient souvent, en particulier dans les temples et pylônes du Nouvel Empire, le support d'une décoration peinte ou sculptée. Les vastes scènes religieuses ou historiques, traitées en faible relief exigent de grands panneaux, bien homogènes, où les blocs, même de très grande taille, perdent leur individualité. Bien qu'avec une esthétique et des procédés différents, les grands monuments historiques de l'architecture romaine, portes de villes ou arcs de triomphe, répondent aux mêmes exigences ; les détails de l'appareil s'effacent devant les éléments décoratifs. C'est aussi le cas des façades de la deuxième moitié du xviiie siècle dans l'architecture française, comme dans le baroque en général.

Une perspective contraire tend à dégager les structures architecturales et à faire sentir le détail de la construction et l'originalité de l'appareil. Ce sont les éléments constitutifs du mur qui sont mis en valeur, aux dépens même de l'unité du parement.

Ces effets sont alors atteints par le traitement des joints et par une taille particulière du parement de chaque bloc ou de chaque élément. Dans cette recherche, les joints, loin d'être dissimulés, sont profondément soulignés ; les arêtes sont taillées en chanfrein, dont le biseautage approfondit le joint, le transforme en une ligne ombrée qui cerne les blocs ou les ensembles de blocs. Si les mortiers ou les ciments de liaison débordent, ils sont traités eux-mêmes soit en bandeaux plats, soit en sillons, tirés « au fer » et parfois soulignés d'un filet coloré : procédé fréquent en architecture romaine comme dans les édifices de la Renaissance, en particulier en Italie.

Palazzo Pitti, Florence - crédits :  Bridgeman Images

Palazzo Pitti, Florence

Parallèlement au traitement des joints, les parements des blocs sont dégagés et reçoivent une taille particulière. On connaît l'appareil à grands panneaux, en saillie de quelques millimètres sur un bandeau plat qui donne les contours du bloc. Le panneau piqueté ou moulé est lui-même enveloppé d'un filet lisse qui le met en valeur. Plus expressives encore sont les tailles en bossage dont les travaux réalisés au Louvre en 1964 ont révélé toute l'ampleur et la vigueur dans la façade orientale. Des recherches très attentives ont été accomplies par les architectes de la Renaissance, qui ont retrouvé les effets obtenus par les architectes grecs de l'époque hellénistique. On connaît la façade du palais Pitti à Florence, le palais « aux miroirs » de Ferrare, les soubassements et les chaînages des palais florentins, et, en France même, les multiples effets recherchés par les bossages dans l'architecture classique. On y cherche un effet de puissance, de force, une masse et un volume accrus de la construction, une accentuation des structures, en particulier pour les soubassements et les chaînages. Même si des excès aboutissent à un style boursouflé et contestable, il est certain que les recherches sur les parements répondent à une loi profonde de la décoration architecturale. Celle-ci, en effet, ne doit pas être extérieure à l'édifice, elle ne doit pas apparaître comme un placage : elle se justifie par ses étroites relations avec les structures architecturales elles-mêmes.[...]

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Bogazköy, plateau anatolien, Turquie - crédits : mathes/ Fotosearch LBRF/ Age Fotostock

Bogazköy, plateau anatolien, Turquie

Palazzo Pitti, Florence - crédits :  Bridgeman Images

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