APPRENTISSAGE DE L'ORTHOGRAPHE
L’utilisation des connaissances orthographiques
Deux types de connaissances orthographiques sont généralement distingués : la connaissance de l’orthographe de mots spécifiques (on parle d’« orthographe lexicale ») et la connaissance des régularités du système orthographique appelées « régularités graphotactiques ». Orthographier correctement des mots irréguliers comme « oignon » ou « chaos » ne peut reposer sur les seules connaissances phonographémiques. La capacité de transcrire ces mots correctement dépend de leur mémorisation à la suite d’un certain nombre de rencontres. Des études contrôlant soigneusement la fréquence d’exposition, par exemple en analysant les livres de lecture des enfants, ont montré qu’après seulement trois mois d’apprentissage scolaire des élèves français orthographient mieux les mots irréguliers fréquents que des mots irréguliers rares. De plus, ils utilisent leurs connaissances lexicales pour écrire des mots inconnus par analogie. Par exemple, connaissant l’orthographe du mot « tabac », ilstranscrivent plus souvent le /a/ final en « ac »dans le mot inventé /toba/, voisin de « tabac », que dans le mot inventé /jiba/, moins proche de « tabac ».
Les enfants sont aussi très tôt sensibles aux régularités graphotactiques. Les erreurs qu’ils commettent dans les mots sont le plus souvent compatibles avec les caractéristiques du système d’écriture qu’ils apprennent. Ainsi, des élèves américains de six ans transcrivent parfois /k/ par « ck » au lieu de c ou k en milieu et fin de mots mais jamais en début de mots où « ck »n’apparaît jamais en anglais. Des connaissances graphotactiques apparaissent aussi quand on demande aux enfants d’écrire des mots inventés : en français, /o/ est transcrit « eau » en position finale comme dans /bylevo/, mais presque jamais en position initiale comme dans /obidar/.
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Écrit par
- Sébastien PACTON : professeur en psychologie du développement cognitif à l'université de Paris-V-René-Descartes
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