APPRENTISSAGE DE LA COMPRÉHENSION
Comment apprendre à comprendre ?
Un bon compreneur est un compreneur fluide et stratège : fluide parce que les mécanismes de la lecture et de la compréhension sont fortement intégrés à son activité cognitive ; il est capable de les mobiliser de manière automatique et flexible en fonction des besoins ; stratège car il auto-évalue et guide sa compréhension au fur et à mesure de la saisie des informations ; il sait repérer les erreurs ou les difficultés et dispose de stratégies efficaces pour y remédier. Il peut expliciter ce qu’il a compris et appris, ce qu’il n’a pas compris et dans quelle mesure ses objectifs de lecture ont été atteints. L’apprentissage de la compréhension relève donc d’un double mouvement de construction d’automatismes (activation et inhibition des significations, traitements syntaxiques et inférentiels) et du guidage de l’activité. Le contact intensif avec les textes permet à la plupart des individus d’acquérir ces habiletés. Cependant, un nombre non négligeable d’enfants, d’adolescents et d’adultes se révèlent de piètres compreneurs malgré de nombreuses années d’expérience de la lecture. Les recherches en psychologie de l’éducation ont montré qu’il est nécessaire et possible de proposer des enseignements explicites et structurés pour prévenir les difficultés et aider à les résoudre lorsqu’elles sont installées. Leur caractéristique essentielle consiste à rendre perceptibles par l’explicitation les opérations mentales de la compréhension, inaccessibles à l’observation directe. Les dispositifs dont on a pu montrer l’efficacité passent par la monstration par l’enseignant des habiletés à acquérir. Ils font appel à la réflexion consciente de l’élève en centrant son attention sur les difficultés qu’il est susceptible de rencontrer lorsqu’il est confronté à des textes complexes. Ces dispositifs proposent également des moments d’entraînement afin que les mécanismes et les stratégies apprises soient intégrés au bagage cognitif des élèves. Pour les enfants les plus jeunes ou les plus en difficulté, les enseignements les plus efficaces doivent s’inscrire dans la durée et s’appuyer sur le caractère amodal des mécanismes de la compréhension. On sait aujourd’hui que les programmes dispensés à l’oral en fin d’école primaire améliorent plus nettement les performances des élèves les plus faibles que des programmes centrés directement sur la lecture. On sait aussi que ces apprentissages peuvent être abordés très tôt, dès l’école maternelle, avant que les enfants ne sachent lire et avant que les difficultés de compréhension en lecture n’apparaissent.
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Écrit par
- Maryse BIANCO : docteure en psychologie cognitive, maître de conférences, université de Grenoble
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