APPRENTISSAGE, psychologie
Les tendances de la recherche
Jusqu’à la fin des années 1980
À partir du milieu des années 1960, on a assisté à un bouleversement progressif mais considérable des conceptions concernant la psychologie de l'apprentissage, qui trouve son origine dans la conquête par la recherche expérimentale de nouveaux domaines, précédemment inaccessibles à l'étude scientifique. Parmi ceux-ci, les trois principaux sont celui des activités humaines supérieures – cognitives –, celui du comportement animal dans son milieu naturel – sous l'impulsion de l'éthologie – et celui de l'étude fine du fonctionnement du système nerveux, indépendamment du comportement molaire ou en relation avec lui (psychophysiologie, neurophysiologie, neurochimie, neuropsychologie).
Ce bouleversement a eu trois conséquences principales. En premier lieu, le débat sur le rôle respectif des facteurs innés et acquis a rebondi, sur la base de nouvelles catégories de faits et de nouveaux arguments ; on a assisté à la réapparition de plusieurs courants innéistes, d'inspirations très diverses. En deuxième lieu, les grandes « théories de l'apprentissage » de la précédente période se sont effondrées, sous la pression des faits et des problématiques plus récentes ; elles ont cédé la place à une certaine atomisation théorique. Enfin, comme on l'a dit, le grand courant cognitiviste des années 1970 et 1980, fondé sur les notions d'information, de son traitement et de sa conservation, a préféré conceptualiser cette dernière en termes de « mémoire » plutôt que d'« apprentissage ».
Depuis les années 1990
Alors que, dans les années 1970-80, la psychologie cognitive a accordé plus d’attention à l’étude de la mémoire qu’à celle de l’apprentissage, l’évolution des connaissances à partir de la fin des années 1980 a conduit à une fusion des concepts et des théories de ces deux champs. En effet, les théories récentes qui cherchent à rendre compte des processus d’apprentissage s’appuient sur les conceptions actuelles de l’architecture du système cognitif, notamment celles qui concernent l’organisation des connaissances en mémoire. Cette évolution tient aux apports conjoints de la psychologie cognitive, de la neuropsychologie, et des neurosciences cognitives. Elle ne rend pas obsolètes les données accumulées depuis le début du xxe siècle sur les mécanismes de base de l’acquisition de comportements nouveaux, mais elle les replace dans le contexte plus global du fonctionnement cognitif. C’est ainsi que les données qui conduisent à accepter l’idée d’une dissociation entre plusieurs systèmes de mémoire ayant des caractéristiques propres ont conduit aussi à établir l’existence de plusieurs modalités de l’acquisition des connaissances, et non pas seulement de leur conservation et de leur récupération.
Les lésions de l’hippocampe (syndrome amnésique) se caractérisent principalement par une amnésie antérograde, c’est-à-dire l’impossibilité de former de nouveaux souvenirs, ce qui constitue bien un trouble des apprentissages. La neurophysiologie a pu établir que cette structure sous-corticale remplit, en lien avec d’autres structures proches, deux fonctions qui servent à la consolidation des informations mémorisées : une fonction de maintien transitoire de ces informations durant leur consolidation ; une fonction visant à établir des connexions avec les différentes aires corticales spécialisées, impliquées en fonction de la nature des informations traitées. Ces processus de consolidation ont fait l’objet de nombreuses recherches, tant au niveau cellulaire et moléculaire (processus de renforcement des connexions neuronales) qu’au niveau structurel (localisation des activités corticales et des connexions impliquées, grâce à l’imagerie cérébrale). Outre la consolidation des informations[...]
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Écrit par
- Daniel GAONAC'H : professeur émérite, université de Poitiers
- Jean-François LE NY : professeur à l'université de Paris-VIII
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