DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS
La théorie des approximations diophantiennes concerne principalement l'approximation des irrationnels par des rationnels. Dans le cas d'un seul irrationnel, un rôle essentiel est joué par les fractions continuées (utilisées dès 1650 par Huygens pour le calcul des engrenages des horloges astronomiques). L'approximation des irrationnels algébriques fut étudiée par une méthode directe en 1844 par Liouville ; ses résultats furent améliorés à de nombreuses reprises jusqu'à l'important et définitif résultat de Roth en 1955. Dans le cas de plusieurs irrationnels, on peut soit chercher à approcher chacun d'eux par un rationnel, soit chercher à rendre minimale une forme linéaire à variables entières, à coefficients irrationnels (problème dual du précédent). Dans les deux cas, la théorie des réseaux de points (ou Z-modules, comme Zn par exemple) joue un grand rôle, avec la caractérisation de ses bases et le théorème fondamental de Minkowski sur les domaines convexes symétriques d'un réseau ; ce dernier théorème conduit principalement à la résolution en entiers d'inégalités à coefficients irrationnels, ce qui est aussi un problème d'approximation diophantienne. L'étude de la répartition modulo 1 a été également rattachée à cet article, étant encore, dans une certaine mesure, une question d'approximation diophantienne.
Z-modules et réseaux
Un Z-module de Rn est un ensemble M de points M de Rn, de coordonnées (x1, x2, ..., xn), qui est sous-groupe additif de Rn (donc, s'il contient M′ et M″, il contient u M′ + v M″ pour tout u et v de Z). On appelle base de M un ensemble A1, A2, ..., Ar d'éléments de M, tel que tout élément de M s'écrit, d'une manière unique, sous la forme a1A1 + a2A2 + ... + arAr, où ai ∈ Z. On remarquera qu'on peut avoir r > n (par exemple dans R avec les nombres de la forme a + b √2, où a et b sont entiers, on a r = 2 pour n = 1).
Lorsque chaque point de M est isolé dans Rn, c'est-à-dire est centre d'une boule ne contenant pas d'autre point de M, le Z-module est dit discret ; cette propriété est évidemment caractérisée par le fait qu'il existe une boule de Rn, de centre O, qui ne contient que O comme point de M. On appelle réseau tout Z-module discret et on démontre qu'un réseau de Rn ne peut avoir de base comprenant plus de n éléments. Plus précisément, si un réseau admet une base de r éléments, l'espace vectoriel qu'il engendre est de dimension r.
Pour n = 1, tout réseau est donné par x = mx0 où m ∈ Z et x0 = inf |x| pour x ∈ M − { O } ; en effet, M étant discret, x0 existe bien, est non nul et appartient à M, et tout x de M en est multiple, sans quoi le reste du quotient de |x| par x0 contredirait l'hypothèse faite sur x0. Pour n quelconque, la démonstration de r ≤ n se fait par récurrence en projetant sur Rn-1 parallèlement à l'un des vecteurs OAi.
On supposera, sans rien restreindre dans ce qui suit, que les réseaux envisagés correspondent à r = n. Un exemple fondamental est celui des points à coordonnées entières de Rn, auquel on peut toujours se ramener dès qu'on a une base A1, A2, ..., An du réseau : c'est Zn.
Il est important de pouvoir caractériser les bases de Zn ; on démontre qu'une condition nécessaire et suffisante pour que n points A1, A2, ..., An de Zn forment une base de ce réseau est que le déterminant de leurs coordonnées soit égal à ± 1. Dans le cas de n = 2, si (p1, q1) et (p2, q2) sont les coordonnées de A1 et A2, on doit donc avoir, pour une base, p1q2 − p2q1 = ± 1, c'est-à-dire que les deux fractions p1/q1 et p2/q2 sont adjacentes.
On remarque enfin que OA1A2 forment base de Z2 si, et seulement si, le parallélogramme[...]
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Écrit par
- Marcel DAVID : professeur à la faculté des sciences de Reims
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