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DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS

Théorème de Minkowski et applications

Dans sa Géométrie des nombres, Minkowski établit en 1910 l'important théorème : Soit dans Rn un domaine S convexe, borné, symétrique par rapport à O et de volume supérieur à 2n (ou égal à 2n si ce domaine est fermé). Ce domaine contient au moins un point entier distinct de O (il contient donc aussi son symétrique par rapport à O).

La démonstration utilise l'homothétique S′ de S dans l'homothétie (0, 1/2). Pour un entier m assez grand, soit le réseau (Z/m)n des points de coordonnées xi = ui/m ui ∈ Z. Soit N(m) le nombre d'hypercubes de côtés 1/m de ce réseau qui sont dans S′. On a N(m) × ms aussi voisin qu'on veut de 1/2n . V(S) pour m assez grand et cela permet d'affirmer l'existence de deux sommets où les ui′ et ui″ sont congrus modulo m, pour i = 1, 2, ..., n. Le vecteur joignant ces deux sommets est donc un point entier, car (ui′ − ui″)/m est entier, qui appartient à S′ + S′ = S.

L'application essentielle de ce théorème concerne la résolution des systèmes d'inéquations diophantiennes :

pour i = 1, 2, ..., n, où les αij sont réels donnés, ainsi que les λi, et dont on cherche des solutions entières non banales (xi entiers non tous nuls). Ces inéquations définissent une jauge de Minkowski (c'est ainsi qu'on appelle les domaines S définis ci-dessus) dont le volume est 2n λ1 λ2 ... λn/|Δ|, où Δ est le déterminant des αij. On peut donc affirmer que, si λ1 λ2 ... λn ≥ |Δ|, il y a des solutions entières, autres que le point O, au système des n inéquations. En particulier, on retrouve le résultat de Kronecker : le système de n inéquations
est résoluble pour ε = 1/n ; en effet, cela s'écrit :
système de (n + 1) inéquations résoluble puisque la condition de Minkowski est ici réalisée :

On peut d'ailleurs, si les αij sont entiers, appliquer ces résultats à des systèmes d'équations linéaires, car :

équivaut à :
si les uij sont entiers et si l'on cherche à résoudre en entiers xi.

Le théorème de Minkowski s'étend de plus au cas complexe, à condition que les inéquations du système soient réelles ou imaginaires conjuguées 2 à 2 (avec alors le même λi pour ces deux inéquations). Il vient encore la condition λ1 λ2 ... λn ≥ |Δ|, suffisante pour entraîner l'existence de solutions entières autres que le point O. C'est sous cette forme que le théorème permet la démonstration d'un important théorème de Dirichlet sur l'existence des unités dans une extension algébrique de Q.

On peut aussi appliquer le théorème des jauges de Minkowski en définissant celles-ci par :

où Li = αi1x1 + ... + αinxn. On démontre ainsi que les deux inéquations :
ont l'une et l'autre des solutions non banales, car :

On peut toutefois noter que, contrairement au cas des inéquations, où la condition |λ1 λ2 ... λn| ≥ |Δ| ne peut être améliorée d'une manière générale, on peut parfois améliorer les résultats ci-dessus. Par exemple, pour n = 2, on peut affirmer que l'inéquation |L1 L2| ≤ |Δ| √5 admet toujours des solutions non banales.

La réduction des formes quadratiques utilise aussi le théorème de Minkowski, appliqué à L12 + L22 + ... + Ln2.

Blichfeldt (1914) a étendu à d'autres domaines que des jauges les méthodes de Minkowski ; ces recherches ont été poursuivies par Mordell, Davenport et Mahler.

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  • : professeur à la faculté des sciences de Reims

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